Groupe d’Auckland, en Nouvelle Zélande, The Beths fait dans la pop-rock indé d’obédience 90’s, ce qui lui a permis d’ouvrir pour The Breeders, Pixies, Weezer et Death Cab for Cutie. Avec ce Jump Rope Gazers qui fait suite à Future Me Hates Me (2018), on a droit à une foutue ribambelle de mélodies sucrées, portées par le chant d’ Elizabeth Stokes – Vocals/Guitar, qu’épaulent sans trembler Jonathan Pearce – Guitar/Vocals, Benjamin Sinclair – Bass/Vocals et Tristan Deck – Drums/Vocals. L’excitant I’m not getting excited, rapide et noisy, déboule déjà en tube indé imparable, digne des formations citées plus haut. Je pense aussi à Echobelly pour cette pop bourrue sur fond de vocaux féminins. Le rythme court, les guitares bavent et on se retrouve avec une entrée en matière éloquente. Dying to believe, qui régurgite la même saveur poppy fougueuse dans ses mélodies, génère une première impression; ça pourrait bien être, ce disque, une machine à standards indé immédiats. L’éponyme Jump rope gazers démontre par ailleurs que dans le rayon des douceurs, The Beths est bien loin d’échouer dans sa mission. Acrid ne laisse toutefois pas le coton s’installer: dans un allant pop décisif, « piquotant », il confirme que dans ce groupe, on ne se voit pas propulsé auprès de tels combos par le simple fait du hasard.
Et puis ça fleure les 90’s, tout ce bousin. Pensez si, dès lors, on s’en entichera. Qu’on aime les mélopées ou le tumulte un brin turbulent, Jump rope gazers est fait pour nous. Il nous réserve, à nouveau, une sucrerie avec Do you want me to know. Le morceau nous amène à la moitié des festivités sans que le niveau atteint s’en ressente. Out of sight, ciselé dans la même étoffe, alerte, s’affirme lui aussi sans peiner. Sur des formats courts, The Beths engendre des compositions qui ne lassent pas.
De choeurs, ça et là, ornent le disque. Don’t go away, façon Weezer (celui de Pinkerton, je dirai), chant « de dame » en surplus, maintient une dynamique estimable. Sans en faire des tonnes, de manière sobre et simple, le groupe délivre un opus complet. Ca se prend d’autant plus que bien souvent, nombre de sorties globalement bonnes souffrent de passages moins significatifs. Mars, the god of war se déroule entre voix chatoyante et cadence débridée. Aisé à écouter, jamais sinueux, l’ouvrage du quatuor tutoie les sommets. Il ne s’agit donc pas de bouder notre plaisir, ou encore de faire le difficile. Ca se prend, ça évoque de plus régulièrement des 90’s qu’ici, je cite fréquemment pour leur impact encore perceptible aujourd’hui. You are a beam of light, à tendance folk dénudée, en aborde la facette polie sans ennuyer. La plupart des chansons, de toute façon, se font selon une vigueur bien campée.
On peut donc se permettre, à l’occasion, d’assagir le discours. Just shy of sure, en mid-tempo doux-amer, vient alors conclure un album à belle allure. L’énergie est quelque peu retombée mais des inclusions noisy s’invitent à cette fin de parcours, accomplie. Elles alternent avec des plans avenants et encore une fois, le résultat plaira. A l’image, c’est une certitude absolue, d’une sortie, si elle récolte les lauriers censés lui échoir, dont on parlera en termes logiquement élogieux.