Canadien, Pottery en est si je ne m’abuse, avec ce Welcome to Bobby’s Motel jubilatoire, à son second long jet, No. 1 étant sorti en mai 2019. Dans un axe indie/post-punk, psyché et fantaisiste, on y déterre une palanquée de supers titres, que le morceau éponyme lance merveilleusement. Entre loufoquerie porteuse, bordures psyché et rock 70’s dont se dégagent des volutes aériennes greffées à des atours piquants, c’est une amorce géniale…et inachevée. En effet, elle stoppe brusquement, explose en plein vol. Mais Hot heather, en lorgnant vers les Talking Heads, rétablit l’équilibre. On pensera aussi à Parquet Courts pour ce répertoire ouvert. Les voix virent quasiment gospel, puis la sarabande funky endiablée reprend ses droits. Under the wires, quand vient son tour, m’évoque tour à tour Bowie, Gang of Four..et les Red Hot (ceux des débuts, fous et barrés: pas les pépères à billets verts qu’ils sont depuis devenus). Un peu tribal-disco aussi, Pottery récidive le temps d’un Bobby’s forecast psych-funk pas moins addictif. Dynamique et dynamisant, l’album se déroule sur un ton libre. Paul Jacobs, Jacob Shepansky, Austin Boylan, Tom Gould et Peter Baylis réalisent là le disque qui flingue, parfait et dansant de bout en bout. Down in the dumps, bondissant, en remet une louchée dans le rayon folie collective débridée. L’opus est une tornade.
On ne cherchera pas l’endiguer, il est préférable de la laisser nous renverser. Reflection, touches jazzy à l’appui, voix classieuse itou, pose le jeu mais ne fera en aucun cas faiblir le disque. Puis il s’enhardit assez vite. Chez Pottery, on ne reste pas en place bien longtemps. On s’agite, on explore, on brasse les genres. Et puis sans crier gare, on balourde un tube nommé Texas Drums Pt I & II, entre riffs funky et démonerie vocale, dans un unisson ajusté bien déviant. Déclinée en deux parties distinctes mas se suivant naturellement, la chanson en question mène sa barque entre différents courants, sans sombrer. Elle prend fin dans un fouillis psyché hallucinant.
Après ça, encore secoué, il faut affronter NY Inn. C’est un énième titre captivant, qui me fait songer à Nick Cave, celui qui bifurque régulièrement. Entres sauteries tarées et moments de « retombée », il précède What’s in fashion?, qui nous joue un rock stylé et vivace, un brin exotique. A l’écoute, on songera aussi à Roxy Music. Les influences sont nobles, bien disséminées. Welcome to Bobby’s Motel est une réussite continuelle. Take your time, contrairement à son intitulé, fonce et riffe ardemment. On est, à nouveau, sur cette tonalité funky folichonne, sauvage et inspirée. Hybride, le son de Pottery tire le meilleur de ses sources. C’est un régal, servi par des morceaux de qualité maximale.
Le dernier d’entre eux, Hot like jungle, apaise le climat. On se retrouve avec un objet aux airs de découverte du moment, concocté par un quintette doué et jamais dédié à la norme. Excellent et synonyme, ce Welcome to Bobby’s Motel, d’écoutes en cascade. Avec, à la clé, l’assurance d’une mixture vitaminée, imaginative, qui ne laisse guère de répit à son auditoire.