Caennais, instigué par Adrien Leprêtre et affairé, depuis 2012, à singulariser ses sonorités, Samba de la Muerte étend sa discographie avec ce Landmark « électropical », jazzy, dansant et sentant l’encens, qu’un imparable They still have their guns scelle d’emblée. Son chant à la Depeche Mode, grave et croonerisant, y surligne une trame exotique, africanisante, qui s’empare de nos caboches. Après Colors (mars 2016), après, aussi, des ep’s « autres » et A Life with Large Opening (septembre 2019), les ressortissants du Calvados apposent leur griffe, désormais reconnaissable. L’entrée en matière est optimale, ondulante, elle nous emmène loin de nos terres quotidiennes. L’aptitude du groupe à dépayser n’est plus à prouver. Backbone (feat. Martin Daguerre) s’aventure en eaux jazzy, feutrées, syncopées, aux voix (trop?) éparses et montées impérieuses. Puis Enough is enough, à mon sens l’un des meilleurs morceaux de la bande normande, fait valoir une électro aux vocaux fins, qui nous inclut dans sa sarabande cadencée. De sons insistants en nappes qui dérapent, voilà une composition imparable, un tantinet souterraine, dont s’échappent des effluves jazz-world « maison ».
Inventif, Samba de la Muerte perpétue un genre innovant. Lockdown groove (feat. The Urville Choir) ferait gigoter toute une assemblée. A nouveau, on décèle des sonorités qui font la différence, des cadences chaloupées, des chants porteurs d’euphorie, d’une chaleur communicative, qui font la diff’ et décoiffent les tifs. Jam 777 se réitère, il s’arrête au moment où on en attendait l’extension, le véritable départ vers l’ailleurs familier au groupe. Dommage,il ne ressort par conséquent une sensation d’inachevé.
Mais Mit manade (feat. Blinky Bill), entraînant en diable, remet la cabane au milieu du jardin. Un brin enfumé, à la Tricky égaré sur les terres africaines, suivant un rythme alerte, il vient tranquillou à bout des plus résistants. Immersif, exigeant, le registre de Samba de la Muerte fait du groupe une entité à part. Le remix d’Enough is enough par Hugo LX vient compléter l’ep, presque un album à vrai dire, en imposant sa vivacité pommée dans les « clouds ». Ca fait son effet. Le titre de départ est « modifié » de belle manière, la relecture ne consistant pas ici en un ajout irréfléchi de sons et de cadences.
Enfin l’éponyme Landmark, instrumental joueur et nébuleux, prend un ultime chemin de traverse. Samba de la Muerte nous laisse sur les rotules et poursuit son petit bonhomme de chemin, direction la création, cap vers le dissemblable musical.