Il y a 40 ans, Redd Kross sortait Red Cross, son premier EP. Ce dernier, via une excellente initiative signée Merge Records, est réédité en version étendue, augmentée de démos et d’un titre live. Composé alors de JEFF McDonald – Vocals & Guitar, STEVEN McDonald – Bass & Vocals, GREG Hetson – Guitars et RON Reyes – Drums, le quatuor, juvénile, se lance dans une série de glaviots punk dont la durée brève et le côté à l’emporte-pièce prédominent. On est loin de ce que donnera plus tard l’immanquable Phaseshifter (1993) mais déjà, Redd Kross se fait efficace, tronçonne comme on aime et s’appuie sur sa jeunesse, sa fougue débridée, pour catapulter ses tempos. Cover band, en amorce, sent le punk, sans atermoiements. Des soli brefs ornent le morceau, qui reflète fidèlement l’esprit des frangins McDonald et leurs acolytes du moment. Annette’s Got the Hits, d’un rock’n’roll bourru, démontrant que l’option punk-rock frontale ne saurait être le seul atout, ici, du clan. I hate my school, tant par son titre que par la direction prise, tend pourtant à prétendre l’inverse. Clorox Girls, lui, se situe dans une sphère certes punky, mais se pare de rock frondeur. S&M Party, en dessous de la minute, est sans équivoque. On fonce dans le mur, dont les briques volent en éclats.
Tiens, Standing in front of poseur débute de la même manière que Jimmy’s fantasy, qui inaugure…Phaseshifter. C’est malgré ça un bourre-pif punk-rock braillé, lui aussi en deçà de la minute. On en vient alors aux démos: Rich Brat (Demo), encore plus court, galope comme un alezan. Cover Band (Demo), semblable bien que moins rapide, livre une version plus rêche que celle du titre d’ouverture de l’ep. Clorox Girls (Demo) fait de même, Redd Kross n’y va pas par quatre chemins: au plus court, il débroussaille sévère. On repassera pour la finesse, mais le tout se tient bien dans le créneau qui le concerne.
Quelques accords secs plus loin, Standing in Front of Poseur (Demo) s’inscrit dans une lignée de même teneur. Puis Fun with Connie (Live), dans une fatras désordonné, confirme ce qui, sur cette ressortie, est clair depuis le début: Redd Kross, sur ce disque, n’en est pas, du tout, à la power-pop riffante et mélodique de ce qui suivra ensuite. Il n’empêche, on apprécie grandement de pouvoir s’envoyer, sans pause, cette grosse dizaine de morceaux uppercut et perfectibles, cela va sans dire. Plus tard, le combo gardera cette vigueur punk, qu’il couplera à des élans pop-rock, voire glam et à des mélopées grandioses, dopées aux guitares excitées. Ca nous donnera, outre le Phaseshifter nommé plus haut, un Researching the blues de haute volée, ou encore Beyond the door (2019) pas moins accompli.
N’oublions pas que s’agissant des premiers pas de la formation, Hot issue a également été réédité. Il illustre avec brio le changement, sans se dénaturer, de Redd Kross. C’est aussi le cas de Teen Babes from Monsanto, d’un contenu autant attrayant. A l’arrivée, on obtient une discographie qualitative, dominée par l’énergie, valorisée par la mélodie et jonchée de titres forts en pluie ainsi que d’albums de haut vol. Dans l’attente, Redd Kross étant toujours actif, d’une suite, je le parie sans hésiter, sans défauts aucun.