Allemand, Entropy pratique un rock qu’on pourrait situer entre Sugar et Therapy?, mélodique mais aussi enflammé. Liminal est semble t-il son premier album, il délivre dix morceaux costauds qui portent, aussi, des riffs à la Helmet. Terminal (adj), façon Hüsker Dü époque Candy apple grey, inonde de son jus mélodieux, fougueux, pour assurer une entrée en matière choc. Si les influences sont encore audibles, ça n’empêche pas le quatuor de faire mouche à chaque titre, se montrant au final irréprochable en qualité. The enemy doesn’t sleep, sur un tempo plus lourd, le prouve: on est en présence, avec les « Teutons », d’un clan aux capacités qu’on ne peut mettre en doute. Crazysane Records, structure basée à Berlin, a comme pour les excellents AUA visé juste. Son poulain, parti au galop, se hisse pour le coup au niveau de ses « sources ». Northern line, dans la même étoffe, confronte vocaux pop et enveloppe rock-noise. On flirte avec une dynamique métal, par instants, dans l’impact. Entre le rentre-dedans et le plus tenu, Entropy trouve une posture naturelle.
Age of anxiety, sur un ton léger dans les vocaux, confirme. Superbe dans ses mélopées, il souffle une pop, donc, d’abord finaude puis plus hérissée. Sensible et puissant, le groupe donne de la voix, et des cordes, de manière probante. Rien ne fléchit dans son ensemble. February 20, 1974, leste, prend des airs psyché-soniques bien troussés. Il est évident qu’ Entropy, à l’avenir, devra s’affranchir, trouver une voix entièrement sienne. Il possède en tout cas les dispositions requises pour ça, on peut de ce fait lui accorder notre confiance pour asseoir son identité.
Stuterring days, appuyé, me fait songer au Don’t want to know if you are lonely..d’Hüsker Dü. C’est dire la portée des titres, qui s’enchaînent jusqu’à former un solide support. De belles incrustes doucereuses surgissent, General system theory flirte avec nos disparus Uneven, auteurs en leur temps d’un très bon opus éponyme (2004). Knausgardian, lent, ne pliera pas. Dans le créneau qui est le sien, Entropy signe un premier jet qui promet. Un Bob Mould n’aurait certainement pas désapprouvé, à l’écoute, ce Balancing the edges à l’allant décisif. Le disque passe de plus vite, signe qu’il renvoie ce qu’il faut pour, vite, s’incruster dans les esgourdes.
C’est A dying animal, pas éloigné des contrées shoegaze vire dream-pop, qui y met fin. Il propose des montées bridées, fait montre en même temps des mêmes vertus que les compositions auxquelles il fait suite. Entropy, pour un « debut album », s’en sort fort bien. Il lui reste, par la suite, à complètement s’émanciper. La valeur des morceaux troussés, dans cette perspective, lui assurera de toute évidence un rang honorable dans la hiérarchie rock de chez lui et d’ailleurs.