Sorti à l’origine en 2003, et consistant en une série de remixes des morceaux de Pungle roads, l’album originel/perle de nos époques de La Phaze, par le gratin de l’indé de chez nous, option drum’n’bass et tout l’toutim (et le riddim), est réédité en cette fin juin par Atypeek Music. On ne tergiversera pas, l’idée est louable. Ici c’est Sporto Kantes qui d’emblée dope l’assemblée en cinglant, tout en lui laissant son approche reggae dynamique, Jungleman (JUNGLEMAN SONIC MIX (SPORTO KANTES remix). Les guitares bourrues sont là, des nappes de synthés englobent avantageusement le bazar. Bien parties, les relectures. Surtout qu’après, on « sombre » dans une sphère bien dépaysante au son de LA GRANDE QUESTION DU DOIGTÉ (UHT° remix), un peu trip-hop, plus qu’un peu trippant. Le groove élastique du morceau ne peut laisser indifférent, son côté « voyageur » non plus. La Phaze, bien entouré, n’aurait de toute façon pas confié ses morceaux à des pleupleux. Ca ne se conçoit pas. Oh et puis mazette Josette, il y a sur ce disque une dynamique, un transport des sens, qui font systématiquement la différence. Ainsi REMIXATORY (VOLTA remix), d’une électro qui fonce droit dans le champ, underground et bien cosmique aussi, produit-il un effet saisissant. Et comme tu as Lab° qui suit, on est bien loin de la faillite sonique (IN JERRY (LAB° remix). Riffs qui dézinguent, voix trafiquée, climat dub à la déviance empreinte de folie créatrice. Voilà l’affaire pliée, une fois de plus, de manière magistrale. Stylistiquement, on est perdu. C’est un peu le but, ça n’empêche toutefois pas l’assemblage de générer une sévère addiction.
Avec cette ressortie, l’ep récemment paru (ou plutôt LES ep puisqu’un 5 titres dédié à Jungleman a aussi vu le jour) et un album en fin d’année, nul besoin d’épiloguer: La Phaze va mettre la concurrence à rude épreuve. UNIDAY OF THE DRUMMER (VOLVOTRAXX remix), paisible, bien orné, permettra à celle-ci de doucement se remettre du combat. Dans l’élan, LA GRANDE QUESTION DÉPOUILLÉE (FRED BERTHET remix), sur ce même ton apaisé qui « embarque » malgré tout, lui tendra un piège fatal: La Phaze faiblirait-il? Perdrait-on, ici, en impact?
Que nenni, NERVOUS HEALTHY DISCO MIX (MON ONCLE remix) et sa diction soutenue, son énergie contestatrice, remettent le coup de bélier décisif. Il file le relais à JAMMA IN A PUNK-A-DUB STYLE (MANUTENSION remix), qui nous b++++ le cerveau en nous plongeant dans un entrelac psychotrope maison. Les textures reggae-dub sont souvent de mise; déjà maîtrisées chez La Phaze, elles trouvent là une existence nouvelle, que PUNGLISTIC HANGAR 18 (BURNING HEADS remix) met en évidence avec brio, vigueur « made in Burning » à l’appui. Ca fusionne grave, les orléanais plus que rompus à l’exercice s’en sortent avec les honneurs. Ce Pungilistic mixture ne se définit pas, j’avoue d’ailleurs peiner à le décrire; il s’écoute, jour et nuit, en tournoyant comme une toupie. Point barre. Après de tels propos, je pourrais retourner à ma tasse (de café), mais JUNGLEMAN ROLLIN’ VINES (FX909 remix) lance un lasso direction mon attention et me met un de ces bouillons…. Diantre, me voilà capturé! Tribal, fouetté au gimmick et à la vitamine sonore, le dit titre enfonce l’enclume La Phaze.
On a devant nos faces, pour le coup, une telle diversité que fatalement, on y perd pied et simultanément, on en « reveut ». Ca tombe pas mal, y’en re n’a: DROP IN-JURY OUT (KANTIZE remix), tel un Prodigy après 10 ans de sevrage, balance son indus électroïde sans même prévenir. Ca libère la dopamine, ce machin là. Le circuit de la récompense est activé, avec La Phaze et ses travaux aussi inspirés qu’énergisants on se retrouve bien vite propulsé dans des contrées où le plaisir préside. La dernière injection provient de AFTER SAMPLES COME DA SUN (BLUEVEINER remix), elle se fait sur une tonalité plutôt tranquille, céleste. On le comprendra aisément: après tout ça, il faut redescendre. Pour ensuite y retourner, bien entendu. Car cette réédition, outre le fait de nous faire retrouver une oeuvre de toute première bourre, nous incite à nous y réinvestir pour, après nombre d’écoutes suivies d’effets indélébiles, saisir toute la teneur de l’ouvrage.