Paks, c’est le patchwork. Musical, déjà. Dans les langues, aussi, au niveau du chant. On y chante en Hongrois, Allemand et Anglais. Le groupe vient de Bâle en Suisse, tire son nom d’une ville Hongroise et…son titre d’album fait référence à un endroit des Balkans où le groupe a séjourné. Si j’ai bien tout compris. On le constate donc, c’est un combo génialement éclaté qui nous présente ce Pakshotel à la variété percutante…et percutée. D’un Pakshotel éponyme en première place, découpé dans un punk-rock furibard, on prend d’abord une première pierre dans le cornet. Puis Useless swine, groove de basse dément dans les fouilles et voix de crooner alliée à des encarts à la fois surf, jazzy et surtout déviants, fait merveille. C’est d’ores et déjà une évidence: Paks s’évertue, avec génie, à nous perdre dans les méandres de son parcours sonore. Je ne peux que vous enjoindre à les y suivre. Step on milk, surfy, rockab’ aussi, sent le souffre. La fantaisie aussi, sur le plan sonique. Et puis ça ferait danser, ce méli-mélo, jusqu’au bout de l’épuisement. Après la déferlante de départ, Paks calme le jeu et scintille vocalement. Puis le groove taré reprend ses droits. Mazette, quel dédale dément!
Chilly hill, dont émane une folie à la Cramps, transpire une sorte de post-punk asséné. Wanja Aloe, Gitarre & Keyboard; Lukas Dreier, Drums et Michael Kunkel, Bass & Stimme, arrachent tout. Heul doch, sonorités triturées dans le buffet, attaque par saccades. On rend les armes, vaincu par le brio du trio. Tabu, dans un fracas sans nom, lie indus, noise, chants azimutés. Il cogne, lorgne vers une fusion pétée du bulbe. En ressortent des bribes funky, incrustées dans la furia incoercible du morceau. On breake, c’est magnifiquement amené tout ça. Entre style de folie, maestria cinglée et versatilisme imparable, Paks nous fait là le coup de l’album sans équivalent.
Exceldatei, marqué dans le rythme, se place quelque part entre indus, électro incontrôlable et bazardage à la The Fall. Sur six minutes, on en prend plein les noix. Puis Piggy on, qui dépasse péniblement la minute, te rentre dans la tronche sans freiner. Lachersatz renoue avec des sons peu communs, ingénieux, qui fusent par torrents. On breake, encore, de manière loufoque et marquante, avant de relancer le galop fou. Fütter das blonde mädchen mit abendbrot, en suivant la même déraison, fait dans l’urgence punky, parachevant une première dizaine de chansons sans filtre opposé à leur démence décisive. Double baker, tel un Dead Kennedys, file droit devant lui, morgue punk dans l’attitude. Pakshotel est bluffant en qualité, constamment surprenant. Song 101, dont la basse m’évoque Fugazi, prend la tangente vers des sentiers surf agités, où les vagues font onduler.
Enfin, Your nail is so pales place dans la même chambrée surf et rockab’, rock qui gicle, et allant déterminant. S’y greffe, évidement, le timbre timbré de Michael Kunkel, dont la quatre-cordes tient aussi le haut du pavé. Incontrôlable, Paks surpassera bon nombre de concurrents avec ce disque à l’opposé du figé. Jubilatoire, placé à la croisée de genres qui se mettent des mornifles, il se termine au son d’un I’m so happy, I’m so sad pour le moins animé, qui passe d’une approche directe à une soudaine coupure sans que cela ne jure. Sa fin, débridée, fermant la marche ou plutôt la course du groupe vers la sortie, ce jour, d’un opus que pour ma part, j’enfournerai fréquemment dans mon lecteur. Excellent.