Duo de Vicenza en Italie, Raise se compose de Luca Brunello et Fabio silvestri, unis pour produire des instrumentaux puissants, guitare, batterie et nappes atmosphériques dans la cartouchière. Ceux-ci, marquants, débouchent sur ce CREPA! qui blaste de suite en imposant, pour débuter, la rugosité de son Driepapegaaien introductif. Le riff est cru, le drumming se fait en cascades. En incrustant, dans ce titre agité, des plans climatiques, Raise parvient à une accroche affirmée. Le ton est sombre, offensif. Si Raise ne rechigne pas à s’étendre dans la durée, cela ne l’empêche pas de rester attractif. Se(a)rch)o(, joué suivant une dynamique métal « à la Raise », se monte lui aussi pénétrant, avant de se parer d’élans haut perchés. La recette est inédite ou, tout au moins, encore peu usitée. Elle distingue, du coup, les deux acolytes. Ceux-ci ne cèdent en rien à la facilité; il leur faut, sur leur « tout instru », se montrer assez persuasifs pour, à l’arrivée, rafler les suffrages. Crepa! les y aide, entre cavalcades et accalmies suivies d’agressions sonores bien orchestrées. ønd-tA, d’abord nuageux, poursuit sur la même voie (lactée) en s’épaississant, en montant en puissance sans se séparer de penchants célestes seyants.
Les ressortissants de la Grande Botte en ont sous le pied, leurs motifs sont imaginatifs. Ils aiment bien sûr ruer, mais ne le font jamais gratuitement. Leurs embardées sont pensées, bien conçues. L’impact des guitares n’a d »égal qu’un jeu de batterie tonique, divers, loin de l’uniformité. L’éponyme Crepa!, bâti sur les fondations que le groupe a faites siennes, consolide l’édifice. Métal, noise, math-rock ou encore post-rock sont passés au tamis Raise, devenant de fait une seule et même entité.
Puis on passe, quand survient Commuovelalegge, au delà des dix minutes. Le titre en question prend un envol subtil, une fois de plus céleste. Mais très vite, de façon presque immédiate même, on opte pour du dur. Riffs lourds, batterie du même acabit, fond plus spatial bien que troublé font monter la composition dans les sphères. Celle-ci n’a de cesse de varier, ici brute, là-bas tempérée. Tranchant dans le brumeux, vaporeux dans ses courses effrénées, Raise a avant tout le mérite d’oser le non convenu. On le rangera, sans hésiter, dans le catalogue de ceux qui ne se conforment pas. Ses sonorités venteuses sont suivies d’épilepsies imparables, ça ne dénote en rien. Sur ce Commuovelalegge, une voix samplée se fait entendre. L’idée est bonne. La voix, dans l’instrumental dominant, surprend toujours positivement.
Enfin, Colmare vient finir le boulot, fort lui aussi d’une durée étirée. Sa belle retenue le fait briller. Le tumulte guette, aux aguets derrière une trame bridée. Il s’annonce, puis recule. Entre ces options Raise s’amuse. Ca fait son attrait, il est visiblement habile, de surcroît, lorsqu’il s’agit de doser ses orientations. Voilà deux hommes inventifs, qui bien qu’on aurait pu craindre la morosité d’un format instrumental revendiqué, signent un disque probant. Lequel efface toute appréhension préalable et démontre que les formules les plus réduites accouchent très régulièrement de rendus à mettre en avant.