Power-trio du Mans, Cannon Fodder officie dans un courant swamp rock à l’Australienne, sous perf’ Spencer P. Jones et breuvage Beast Of Bourbon dans le biberon. A trois donc, Chris Martini (guitare, chant et claviers), Miss Alice Martini (basse, chœurs) et Nico Wireman (batterie, chœurs) délivrent un répertoire bourru au sein duquel rock nerveux et blues poisseux se donnent le change. Ils y adjoignent une « lancinance » indé de bon aloi (l’introductif Alone), allient les chants, et ça nous donne au bout du compte une excellente cuvée, maturée comme il se doit. Chaque morceau possède son accroche, Try me cogne sans vergogne. La voix y est remontée, colérique. L’amorce a déjà du chien, les Manceaux jouent avec l’intensité de ceux qui, déterminés, mettent les ingrédients qu’il faut pour produire un bon bouillon. Guitares en crue, rythmique partie au front, format court concourent à élever les débats. Superstar, joliment orné par les claviers, un brin 70’s, filtre un rock stylé. Notons, encore, l’apport des voix, ce contraste marquant entre le féminin et le masculin. Sans être bêtement frontal, Cannon Fodder fait preuve d’allant, de diversité. Something cold, dans le registre percutant qui ne dédaigne pas la mélodie, grimpe une marche de plus.
Efficient, le groupe ne faillit jamais. On le placera dans la cohorte des combos fiables de nos terres, Girl like you entérinera notre choix. Son attrait rock finaud, doublé de cette dualité vocale récurrente, fait pencher la balance du bon côté. Stupid fight, alerte et joliment décoré, cingle et passe la pommade dans le même mouvement. Entre nuance et puissance, Cannon Fodder en vient à une belle assise. Le terreau est fertile, les idées pertinentes.
Two angels, après un début délicat, s’en tient à ses abords de départ. Chatoyant, il complète la palette sans en écorner l’étendue. Puis Up and down, d’un rock riffeur et bluesy, attaque la dernière ligne droite avec panache. Le savoir-faire de ces Sarthois est évident. Dans la continuité, ils signent des travaux de choix et de poids. In your pain, s’il trace sa route sans trop freiner, se pare de sons fins. Le malin se tenant à l’affût du faux-pas y perdra de son temps. A l’inverse, il gagnera en plaisir d’écoute. L’album est de ceux qu’on écoute intégralement, fort de préférence, pour en faire émerger la vitamine rock. Celle-ci catapulte le dit titre, plaçant Cannon Fodder en bonne et due place au moment de conclure les festivités.
Aucun souci, un Deathly élégant ferme la marche. Sa sobriété, sa beauté tant dans les voix que dans le son, les arrangements, embellissent la terminaison d’un opus à l’attraction permanente. Ceci sans aucune surcharge ni redite, dans une mouvance certes connue mais à laquelle Cannon Fodder fait ci très largement honneur. Notons, pour finir, que le groupe est signé chez Beast Records, structure rennaise au catalogue lui aussi largement honorable.