Sextet bordelais, Salamander Jive mène sa pirogue entre les genres et les époques, avec pour base un psychédélisme un brin 70’s, un tantinet 60’s, ce qui a pour effet de générer une rendu certes éclaté, mais sans porter atteinte à l’identité du groupe, qui semble justement résider dans ce « non choix » stylistique récurrent. Raymond, qui n’est pas le premier effort de John Harding et ses compagnons d’exploration, reflète bien ça. Plutôt attractif, mélodique et sonnant juste, il pose un Working fish pas aussi poli qu’il en a l’air -et tant mieux-, qui s’agite dans un halo psyché de nature à nous emmener, illico presto, ailleurs qu’entre nos murs. Sur des fondations douces, le groupe brode ses trames, dévie, change de ton, et parvient à toucher. La batterie, à la fin du titre, anime singulièrement le fin canevas introductif. Imaginatif, Salamander Jive joue ensuite un Master of the reef plein de style. Louvoyant, (un peu trop) « caressant », il s’agit d’une composition qui, sous ses aspects une fois de plus posés, porte de la vie et dévoile du son en volutes prenantes. Ocean radio, d’une pop-folk vite rattrapée par un drone de grisaille, démontre que le contenu fait dans l’imprévisible. Ca peut certes dérouter mais Dino (the parTy Rex), riffs funky et chant racé/fantaisiste sur fond habilement troussé, remet la cabane au milieu du jardin.
Sans pour autant se ranger, les Aquitains trouvent le bon ton. Le piège se referme, de façon imperceptible, sur celui ou celle dont la positive curiosité l’aura poussé à écouter Raymond de façon exhaustive. Interlude, dispensable à mon avis, me donne une sensation d’inachevé. Sa trame aurait pu être poussée, développée, de façon plus signifiante. Giant machine efface le regret, exotique et chanté selon des ritournelles avenantes. Un petit bain de fraîcheur, une petite brise inoffensive…en apparence puisqu’en sa fin, elle s’enhardit et prend la sortie direction…l’autre son, laquelle débouche sur un climat tranché du reste. C’est surprenant mais bien amené; au delà de ça, ça contribue à singulariser le clan des six.
A la suite, Zappatron offre une certain éclat dans l’arrangement, dans la « déco » sonore ainsi que dans les voix. Au final peu de choses, sur Raymond, prêtent le flanc à la critique. On s’en contente bien sûr, Salamander Jive étend en outre le vivier de la ville et personne n’en viendra à le déplorer. En aucun cas « qualifiable » du point de vue du genre musical, il se démarque et ce faisant, quelques points il marque. Son Potential final jette un folk entre clair et sombre, sur lit de vocaux pop et vêture psyché de l’époque. Encore une fois, l’effort se vaut. Tout en concluant un bon disque, il assied la particularité d’une formation notable pour son côté…particulier, justement, assumé et souvent décisif quant aux sonorités qui en émanent.