Projet d’un nantais s’appelant Olivier Le Tohic, qui s’entoure à la scène de trois acolytes de sa ville, Trainfantome a rebondi sur le confinement pour sortir, chez Influenza Records, cet EP de quatre morceaux. Celui-ci enfile les perles ébouriffantes, Intro (The Uncanny Valley) est assez peu significatif mais derrière, Vulgar met dans la même boite rythme vif, vocaux aériens et bazardage noisy pour faire péter un morceau aussi mélodieux que pétaradant. Bien 90’s, post-punk et agité en même temps qu’il se pare de petits sons dans le vent, c’est là une première bombinette qui se verra suivie de deux autres gâteries du même acabit. Les guitares y évoquent les Pixies, sur His blood on est à nouveau dans un jus rock frais et vitaminé. Après Killing time EP, qui date lui du mois d’avril et trouvera également son lot de convertis, il va sans dire que Trainfantome n’a pas chômé -musicalement tout au moins-, ces derniers temps, faisant éclater d’évidentes aptitudes.
Avec Postmodern blues, aux reflets apaisés, trompeurs car alternant avec des passages bourrus, on touche à la sensibilité d’un Deftones ou d’un Ventura. Le Tohic s’y entend, il maîtrise son registre. Dans l’attente d’un nouvel opus en compagnie de ses complices, il nous offre de quoi patienter de manière fort agréable. Nantes abrite bon nombre de projets valables, Trainfantome fait partie de la cohorte et promet un disque aussi accompli, sur une durée plus étirée donc, que le New Rome saccadé qui débute Killing time EP. Et puisqu’on parle du dit EP, notons qu’il dévoile par ailleurs Burning bridges, post-punk cold nous ramenant à la fin des 70’s, qu’ Elise Conin décore de son saxophone, ainsi qu’un Velodapart…véloce, pensé dans une électro-dark/pop qui m’inspire la réflexion suivante: dans son terreau underground, Trainfantome surprend plus qu’agréablement.
Seul dans son coin où les idées abondent, il nous incite d’ores et déjà à guetter ses ouvrages à suivre. On apprécie tout particulièrement la trouvaille, indé (le label du gaillard vaut lui aussi la visite), en espérant et sans en douter une seule seconde que le temps du déconfinement le verra maintenir le cap de réalisations sans fautes.