Après un EP sur lequel il a collaboré avec Jamie Hince (The Kills), en février dernier, Baba Ali a mis à profit le confinement pour, avec l’aide de son guitariste Nik (et ça s’entend, et j’en suis content), nous refourguer la mixtape parfaite, seringuée à la guitare brûlante et dotée d’un groove indéniable. Rethinking Sensual Pleasure, c’est le nom de cette création qui peut soit se découper en dix morceaux « distincts », soit s’envoyer d’un seul jet, combine allègrement coolitude des ziks noires, traits rock et voix de choix. Where’s the hand (Intro), qui amorce le tout, ondule mais c’est surtout le rugueux Black and blue, tel un morceau des Black Keys ou d’Hanni El Khatib dernière mouture, qui conjugue acidité rock et groove redevable à la soul. Comme chez les deux nommés, c’est foutrement bien fait. Si tu danses pas, c’est qu’t’es pas là. Baba Ali fait le sensuel, mais il y met aussi du « dirty » issu du rock. Nik riffe comme on aime, sans recoins où se perdre. Hooky, court et groovy, sent le…Kills, dans son mix adroit de rock « à nu » et d’électro grésillante. Il n’a pas perdu son temps, l’ami: la période lui a été profitable. Door #9, psyché et enfumé, nous embarque à travers des spirales à la Tricky. Dans une délicatesse au charme vénéneux, à l’attrait un brin dark, nous voilà à nouveau pris dans la nasse.
On s’en réjouit, puis Oh my referme ses griffes rock sur notre extase. Il y a du Kills, une fois de plus, dans ce que fait Baba Ali, qui met des sons sales dans son électro-rock sorti de sa dernière cuvée. Celle-ci enivre, il faut d’autant plus en profiter qu’ici, elle est courte. Mais, relevée, elle nous réserve un Bonsai! à la TV on the Radio, traînard et sans caste précise. Pluriel, l’Anglais né à New York attise notre plaisir.
Il refuse de se figer, son All these wires fatal et bien séquencé s’appuie sur des sons crus, une base électro…rock, et ce chant décidément magnétique, pour charmer la populace. Il vire reggae-soul quand arrive 10-99, suivant une trame qui quitte les bases…de base. A chaque morceau, de velours et de piquant au dosage savant, le duo captive. J’adore, j’en remercie l’attachée de presse qui, connaissant mes goûts, s’est empressée de m’envoyer cette came sonore complètement légale…et essentielle. Dans le cool qui génère l’addiction, Grim chin se pose là. Riffs secs, vocaux typés, rythme lascif suffisent à séduire les curieux ayant eu la bonne idée de se frotter à l’objet. Le bouillon stylistique de Baba Ali déborde de saveur, il réjouit les gosiers et, au passage, n’omet pas de mordre en se faisant offensif.
La découverte (j’avoue qu’avant d’écrire cette bafouille, je ne connaissais pas Baba Ali) est de taille. Aluminium kiss, pour finir sans faillir, installe un climat délié, dansant, fait de sons qui stimulent. Jusqu’alors, je rejetais la plupart des mixtapes, d’autres étaient cependant excellentes mais celle-ci, qui englobe tout ce que j’aime, me convient de bout en bout. Me voilà par conséquent converti, bienheureux, à l’univers Baba Ali.