« Qu’est-ce qu’y’a d’bien », avec le Teenage Sin Taste de Wil Sintaste, c’est qu’on sait qu’ça s’ra bien. Le marseillais, depuis déjà 12 ans, nous refile en toute modestie des efforts solo, rigoureusement solo même puisqu’il il assure tout, entre shoegaze, cold-wave, lézardes noisy et battements électro. Il nous dose ça comme un chef, à chaque coup ça prend et Red Rooms & Black Lines, nouvel opus au beau digipack dévoilant 7 morceaux pas sots, ne fera pas exception. On n’a de toute façon guère le choix: Eye shadow et ses grattes au fouillis noisy délectable, sur un rythme élevé, nous plonge en terrain connu et reconnu. Froid -mais pas que- et saturé, l’univers de TST rappelle aussi bien la pop ébouriffée que les Mary Chain, cueille ça et là quelques mélopées qu’il dissémine dans son shaker d’inspiration continuelle. A picture, sur le même ton débridé, provoque le boucan d’un Psychocandy. Il y inclut un chant clair, ça crée un contraste intéressant. Il n’en rajoute jamais, pas l’genre et de toute façon, le bousin est déjà suffisamment impactant pour qu’on évite d’en remettre une pelletée.
A chaque livraison, le gaillard officiant par ailleurs chez Curl ou Rapido de Noir, on a la garantie d’un son intègre, vif et piquant, qui mériterait largement une reconnaissance accrue. On aimera, aussi, son organe poppy (Everything’s allright, optimiste en plus le gars!), ses bonnes initiatives sur le plan de l’étayage sonore. Uniforme, diront les plus exigeants. Oui, mais pas tant et très en forme, leur répondra t-on. Parce qu’ici rien n’est à jeter. Et le mec nous tire une targette en pleine poire avec ce Cracked à la Deity Guns, noise, rapide: une roquette qui te traverse et te renverse, point barre. Imparable. Asbestos frenz, reprise de Rosa Mota, rend hommage à une clique londonienne au registre ouvert. A la fois sensitif et écorché, bruitiste et doucereux en son début, il renvoie à l’ère 90’s que beaucoup d’entre nous vénèrent. A ce sujet, l’album dont il est extrait, ce Wishful Sinking sorti en 1994, vaut l’achat.
Avec Youth, électro-cold, pop itou, c’est ta jeunesse qui te revient comme un boomerang. We Were Young in 91′, comme le dit le groupe de Karine Auzier, Emilie Rougier, Rémi Saboul et j’en passe. On l’est derechef, le Wil turbine comme à l’époque. Son The art of falling tient debout, en instru aux vagues répétées. On dirait le Allez les filles des Thugs en plus long, avec des nervures shoegaze dans l’puzzle. Pas de répit pour nous écoutilles, soumises à rude et belle épreuve. Mais on aime, on est là pour ça: faire valoir, en irréductibles, des mouvances et une ère qui nous sont chères.
Alors en guise de cerise sur la pédale d’effets, Opened skies lâche un shoegaze dreamy-noisy, fait maison évidemment, moins cadencé que le reste. La fin égale le début, d’un pur jus rock dopé à la passion d’un artiste sûr. Rien à redire, nous n’en doutions pas mais ça fait du bien de le constater: Teenage Sin Taste fait honneur au DIY, il inclut de plus le tout dans un joli digipack au tarif cheap. Merci l’ami, il n’y a plus qu’à s’en réinjecter une grosse rasade…