Trio basé à Chambéry, Noiss sort en plein confinement ce qui est son second EP. Il décide de l’appeler Deafening EP; on le comprendra, l’objet dégage une certaine puissance. A côté de ça, ses cinq morceaux sont honnêtes, majoritairement 90’s et grungy, à commencer par le boulet Punch in my face qui ouvre le bal. Enragé et intensif, il constitue une entrée en matière qui en plus de ne pas tromper l’auditoire sur la marchandise, lâche un glaviot grunge à la force de frappe métal. Ses riffs, en effet, n’en sont pas éloignés. Ils dynamisent Iteration 7, porté par ces mêmes guitares loquaces, ces chants remontés et une rythmique qui tourne rond, et pas en rond. Noiss ne révolutionne rien, il n’y prétend sûrement pas, mais signe dans son créneau d’appartenance des morceaux qui valent qu’on s’y attarde. La conviction qu’il y met fait le reste, elle est de mise sur un Stacy lose my eye où un solo court mais marquant, sans fioritures ni effets de manche, prend part à l’embardée. On y braille comme à l’époque, à l’écoute c’est tout un pan de notre parcours musical qui nous revient de manière agréable dans les tympans. N’oublions pas que Noiss se promet de nous assourdir, il a pour cela une série de titres solides recensés sur son EP.
Ces derniers passent vite, signe qu’en leur sein ne se trouve rien qui puisse nous ennuyer. Stoner 034 flirte. Avec le stoner. Plus leste que le reste, il a aussi le mérite d’amener d’autres penchants sans casser la bonne dynamique des Savoyards. Un brin de mélancolie éraillée, une cargaison de puissance, des mélopées écorchées, voilà ce qu’on trouve ici et qui, au bout du compte, permet un moment sans aucun déplaisir.
Dans la cohérence, en enchaînant sans chute ni erreur, Noiss continue son petit bonhomme de chemin. Si le son est connu, il est bien foutu et se pare sur l’ultime chanson, Enjoy this day, d’une parure sensible, pop et bien belle, qui permet aux trois hommes de finir comme ils avaient débuté: de belle manière. Cette terminaison adoucie étirant encore un peu plus, de surcroît, le champ d’action du groupe. L’idée est bienvenue, il se dégage même de cet instrumental des pans à la Pixies époque Bossanova. Les 90’s, on y revient oui, mais Noiss en tire le meilleur. Ses ébauches n’évoquent que du bon, ne tirent jamais trop sur la manche des influences.
On encouragera donc le combo chambérien à insister sur cette voie; c’est là son second jet, il devrait lui permettre de passer, si tout se passe bien, la surmultipliée ensuite. Dans l’attente, du live est entrevu et comblera sans aucun doute le public, à la soif de riffs aiguisée par une longue période de privation.