Duo strasbourgeois (la ville est décidément, à l’instar de Rennes ou encore Angers, un vivier de groupes de valeur), Encore unit Maria Laurent, keys, et Clément Chanaud-Ferrenq, drums. C’est un live electro duo à la recette inédite et, sur ce Autobahn qui fait suite à quelques ep’s, très attractif dans le sens où tantôt il nous emmène dans sa bulle cosmique (Illusion), tantôt il nous place sur le chemin d’une trame à la Kraftwerk -sans le chant robotique-, passée au filtre d’une paire imaginative dans les agencements qu’elle conçoit (Bleu polo en amorce de l’ep). Je craignais l’absence de voix, elle n’entrave en rien ce que font l’homme et la dame. A partir de brouillons créatifs, lesquels deviennent en expérimentant de belles copies, signées de musiciens affairés à creuser leur propre sillon -de vinyl-, on donne naissance à des plages alliant rythme et gimmicks plaisants, spatiales dans leur cadence affirmée (Glue). Encore prouve en outre, de par son procédé sans faux-fuyants, qu’il n’est pas nécessaire de charger la charrette pour bien faire. Là ou beaucoup se prennent les pieds dans le tapis à force de surenchère, Encore reste, lui, mesuré.
Manger techno, plus loin, illustre l’esprit de ces deux comparses singuliers; détours obscurs, d’obédience underground, rythme technoïde vivace et gimmicks bien pensés suffisent, bien amalgamés, à créer la surprise. L’esprit est mis à contribution, au gré de sensations changeant au gré des ambiances qui émanent de l’ouvrage d’Encore. Les danseurs, hypnotisés, crieront…Encore! Jamais bêtement rythmiques, Maria et Clément empruntent des sentiers non balisés, pratiquent une sorte de hors-piste musical maîtrisé.
Leur ultime morceau, un virevoltant Laser blitzer, boucle et reboucle, s’apparentant à une virée dans l’espace aux commandes d’un engin lancé à toute berzingue mais parfaitement sûr de sa destination. Je pinaillerai tout de même en prétendant que doté de chant, Autobahn aurait à mon sens été plus probant encore. N’ergotons cependant pas trop: les Alsaciens convainquent de bout en bout et déplient une identité qu’on ne cherchera pas à contester. En ce sens, leur contribution à la bonne tenue d’une scène hexagonale à l’originalité précieuse est grandement estimable.
Photo Emilie Mauger