Side-project du groupe gothic-rock Giant Waves, Russe, Karlův Týn réunit Iliya Volchansky (voice, guitar, synths) et Andy ‘Avalanche’ Fomin (synths, drums). Ces deux-là pratiquent ce qu’ils appellent une « cold-pop » et sortent avec ce Мерцание leur premier album, inspiré par la pop des 80’s, la vague soviétique, les textes folk apocalyptiques, le mysticisme chrétien d’Europe et la poésie russe. Leur nom est celui d’un château gothique érigé en 1348 et leur univers, plutôt « dark » donc mais dans la modération, débute sur Серебристая вода par un climat funèbre. Celui-ci perdure sur deux minutes, laissant augurer d’un contenu pour le moins sobre. Mais Пояс, plus clair, souffle des tons 80’s synthétiques rythmés, de belle facture. Les envolées de synthés, légères, s’y accouplent avec le chant d’Iliya pour former un ensemble fort plaisant. La paire récidive avec Абонемент, doté d’un allant similaire et de textures venteuses alertes. Les morceaux passent comme une lettre à la poste, sans complexité, dans une simplicité qui leur permet d’aller droit au but. Скиталец, céleste, allie finesse et vivacité, suivant un canevas encore une fois sobre. Des choeurs doux le décorent avantageusement. Si le tout est un peu uniforme, il renvoie toutefois un attrait assez affirmé pour imposer le registre de Karlův Týn.
Сова, posé, baisse la garde. Bien ficelé mais un brin ennuyeux, il étend le répertoire du projet. Puis on revient, quand arrive Укусил сугроб et ses sonorités introductives à la Depeche Mode, à un déroulé plus vivace, électro-pop-cold, de bon aloi. Pour un jet initial, compte tenu du fait qu’il s’agit d’un projet « de l’à côté », l’ébauche est encourageante.
https://www.facebook.com/giantwavesband/videos/256690565744429/?t=42
Жан Ре souffle ensuite, de par ses sons de basse, une cold-wave éthérée par ses claviers. La linéarité du disque deviendrait presque, à force d’insistance, un atout, un gage de cohérence et d’identité. Il manque peut-être à Мерцание, malgré un collection valeureuse, ce petit surplus d’énergie, d’essais « wild », qui l’amènerait plus haut encore. К чаше вина, huitième et dernier titre, plaira tout autant sans dévier, fidèle à la ligne de conduite des deux comparses. Le rendu est bon, c’est une certitude, mais gagnerait à mon sens à s’endiabler plus souvent, à sortir de ses trames mélodieuses estimables mais légèrement réitérées. Ce qui n’empêche qu’on se le rejoue avec plaisir, ce Мерцание. Ses cadences post-punk, effluves synth-pop et chants « de velours » s’avérant être, de façon audible, d’un crédit indéniable pour les deux hommes.