Strasbourgeois à la base, mais vivant désormais en région parisienne, le MHUD de Matthieu Hubrecht évolue avec, comme binôme, Romain Dowska (réalisateur artistique et musicien). Lequel, en l’occurrence, assure batterie, programmations et arrangements. Son univers hybride, où se croisent post-punk, électro, chanson au verbe haut et free-jazz, s’avère être, sur ce premier album maturé depuis 2016, étonnamment attrayant. Cheval de bataille…batailleur, riffs crus et groove façon Noir Désir sur L’homme pressé, vient d’emblée à bout des résistances les plus vivaces. C’est du rock, certes. Mais ici, on s’aventure dans des contrées dépaysantes, instaurées par les synthés et une trompette assez magique, qui embarque tout le monde dans ses chemins vers l’ailleurs. Une réussite bluffante, pour débuter, qui oblige MHUD à maintenir ensuite le cap sous peine d’affaiblir son oeuvre. No worries, La fleur au fusil nous évoquera, dans le mot notamment, le Luke de Pornographie et s’il s’en tient à une trame plus « classique » que celle de l’entrée en matière, crache des notes bourrues, soulignées par le français encore une fois élevé du bonhomme. L’incandescence du morceau, ses petits motifs jazzy qui viennent l’alléger et l’embellir, constituent des atouts de taille, complémentaires.
Il semble donc que MHUD, à califourchon sur les genres, s’échine avec succès à se définir. Le rendu lui appartient, La glande aux étoiles l’amène à explorer des prairies plus introspectives. Sur une base assombrie et suivant un spectre ouvert, il fait mouche à chaque titre livré. « Gardons le cap, jusqu’à la fin, du bel horizon… », souffle t-il sur le titre en question. C’est le cas, on arrive à l’exacte moitié de son effort sans soupirer ni décrocher. On tient…le cap.
Scotchées sur des bancs, dansant, sert une électro-rock mordante, aux séquences qui feront tournoyer les corps. « Je n’sais plus à quel fumier me vouer », assène t-il; MHUD chante l’amertume, lève le voile d’un monde trompeur et vicié. « Pourrir, sous ce ciel sans fond, nous rendra tous…un peu cons », lâché sous couvert de boucles funky dopés par une guitare offensive, démontre que notre homme, lucide, dispose d’une plume acerbe et pourtant si subtile…
Le fait ne fait qu’ajouter, on l’aura compris, à la portée de son disque. 18.06.com, aérien mais paré de sons acides, conserve une verve certaine. La poésie désenchantée de MHUD, ornée encore une fois par cette trompette qui envoûte, exerce un attrait constant.
En fin d’album, Par delà les rires, dans une feutrine aux aspérités bienvenues, sur un tempo posé, sent tout à la fois le soufre et l’espoir. Pour un premier jet, MHUD signe six plages un peu hors-cadre, toutes parfaites et créditrices pour son auteur et son acolyte, visiblement cohérents dans leur essais communs. Découverte notable, donc, que ce disque éponyme peu soucieux de se formater.