Groupe d’indie-pop parisien, CAFE BIZARRE sent la lavande 90’s, pop et noisy, élégante, à plein pif. Après un opus éponyme, sorti en 2017, le quintette fait son retour, avec dans son escarcelle sept titres au spectre large, d’une mélancolie habitée en élans qui louchent vers Pavement (le terminal et très accompli Soft power, par exemple). On trousse savamment, également, des comptines acidulées qui piquotent sans se départir de leur éclat pop, aux intonations un brin Smithsiennes dans le chant (On my side), mais qui doivent, dans leur fougue, à un Garageland ou encore aux Pixies. 90’s, le mot est lâché et assumé. Au delà de ça, CAFE BIZARRE se montre qualitativement irréprochable. Sa pop tirée à quatre épingles recèle aussi des aspérités, se pare d’abords rugueux. Je pense souvent, quand elle résonne dans mes écoutilles, à Elefant, le projet de Diego Garcia, sur son très abouti Sunlight makes me paranoid. Le rapprochement est à porter au crédit de CAFE BIZARRE, cela va sans dire. Son I see a green light, dont l’intitulé évoquera Sonic Youth, alterne passages raffinés, chant étincelant, sensible, et dérapages empreints d’une fougue qui se transmet. Ca lui permet une entrée en matière fiable, dont toute faiblesse est exempte. Avec le On my side nommé plus haut, on s’élève même vers les hauteurs d’une noisy-pop pétrie d’allure, concoctée par des mecs sûrs. N’importe quel aficionado des 90’s tombera sous le charme de ces sept plages à l’attrait bien campé.
L’éponyme Don’t swim tonight my love, délicat en ses premiers instants, est aussi espiègle. Dans les ritournelles du groupe, la débauche guette, planquée derrière la classe de l’instrumentation. Ici, elle prend la forme de légères dissonances, mais n’entame en rien la beauté pop de l’esquisse. A traits fins sur lesquels il appuie parfois, dont il lui arrive de grossir..le trait, CAFE BIZARRE peint et illustre soniquement un univers à la fois piégeur et accueillant. Il Trompe son monde, pour reprendre l’intitulé d’un de mes disques de chevet. Beautiful losers, au mitan de son ouvrage, s’encanaille dans un certain standing. On ne voit pas, à l’écoute, à quel niveau le bat pourrait blesser. Certains titres, de plus, narrent des histoires où l’on croise des icônes, où espoirs, épopées, rêve(s) et désillusion(s) se partagent le cake.
Avec Losing my time, la finesse demeure, portée par une cadence soutenue. Rather ripped, la pop, chez CAFE BIZARRE. On n’y est jamais, complètement, dans le prévisible. On sait, on s’y attend mais on ne sait quand, que l’incruste hérissée trouvera ici, sans forcer, son rang. Because of you, d’abord propret, en bénéficie. En mettant du nerf dans sa fausse quiétude, CAFE BIZARRE vise juste. Si ses mélopées nous tendent les bras, ses détours noisy referment les doigts, fermement, sur notre épiderme. L’étreinte est appréciable, on peut s’y abandonner. Soft power fait son Malkmus, scintille d’une pop lo-fi qui avance à pas, et notes, comptés. Le dosage est judicieux, le contenu ne se trahit pas.
Sans parler, encore, de révélation, CAFE BIZARRE mérite déjà bien des égards, cependant, suite à cet EP étendu et méritoire. Ses orientations ne sont pas linéaires, bien au contraire. Son attrait est durable, ses influences bien digérées et ses envolées bien pesées. S’il tient les promesses qu’affiche ce Don’t swim tonight my love, CAFE BIZARRE titillera sans nul doute les plus grands de la caste. C’est tout le mal qu’on lui souhaite, dans l’attente de ses travaux à venir qu’on suivra avec attention. Petite précision finale; le cd, de même que le vinyle, n’est disponible à la vente que via cette adresse mail: Cafbiz75@gmail.com