Pour le Record Store Day 2020, Wire nous livre un album où se côtoient inédits et anciens titres réengistrés. 10:20, c’est son nom, offre huit morceaux lancés par Boiling boy. Notons que plupart de ces chansons sont issues des sessions de Red Barked Tree, enregistré en 2010, et du dernier album Mind Hive paru lui en début d’année 2020. Les pistes 1 à 4 ont été enregistrées fin 2010, avec des contributions de Margaret Fiedler (Laika) et Matthew Simms à la guitare. Boiling boy donc, apparu sur A Bell Is A Cup et étant le titre le plus joué du groupe, lance une trame pop-cold finaude, puis se met à griffer. Les guitares se durcissent, le rythme prend de l’ampleur. En deux parties distinctes et complémentaires, Wire démarre fort et on comprend que la chanson en question soit considérée comme le point culminant des sets du groupe. German sheperd’s, à sa suite, est une chanson venue des 80’s, d’un post-punk léger. Comme à l’habitude, le combo de Colin Newman trousse de belles ébauches, sans manquements. On est dans l’aigre-doux et des scories shoegaze retombent, parfaisant l’effort. He knows, écrit en 2000 alors que Bruce Gilbert était encore dans le groupe, puis ressorti en 2008, développe lui un déroulé paisible. Il porte la touche Wire, vocale mais aussi instrumentale, et se fait presque dream-pop. C’est un beau cadeau aux fans que Wire sort pour le coup, agrémenté d’un Underwater experience entre cold-wave et post-punk des plus acéré. A partir d’une démo relative à Chairs missing, le dit titre a mué en une version abrasive et sans concessions, présente sur sur les albums Document And Eyewitness et Change Becomes Us.
C’est du relevé, la variété est de plus de mise. Ca se prend donc, d’autant plus que The art of peristence nous joue un shoegaze doucereux mais cadencé. Il date de la réunion de 2000, mais n’était apparu que sur l’EP The Third Day, aujourd’hui introuvable, ainsi qu’en version live sur l’album Legal Bootleg Recycling Sherwood Forest. Small black reptile, apparu à l’origine sur Mandscape en 1990, est le morceau qui, ici, a peut-être subi le plus de changements. Il en ressort une formule pop ombrageuse, chatoyante dans le chant, qui en fait qu’ajouter à la valeur de ce 10:20 et se pare d’encarts noisy qu’on estimera.
Avec trois bouts de ficelle, Wire fait du solide. La cabane tient debout. Wolf collides, destiné à l’origine à l’album Silver/lead, souffle sa subtilité dreamy. Une forme de mélancolie en ressort, elle aussi bénéfique à l’ensemble. Sans s’inscrire dans la fougue d’un Send, Wire propose un contenu bien loin de démériter. Celui-ci prend des atours rudes en sa fin, à l’occasion de ce Over Theirs datant de The Ideal Copy, mais dont le groupe estime que sa puissance a été insuffisamment exploitée en studio jusqu’alors. D’où ce morceau leste et rugueux, riffeur, que surligne une voix légère. Huit titres, c’est certes peu mais la surprise est bonne, de bout en bout. Et qui peut, d’ailleurs, se targuer d’une carrière aussi prolongée avec, à la clé, une actualité émaillée de disques sans une once de creux? Wire, lui, peut se fendre de ce constat et son 10:20 fera le bonheur des avertis, en même temps qu’il posera une nouvelle pierre à l’imposant édifice discographique de la clique.