A l’heure de la sortie d’un clip et, deux jours plus tard, d’un double single, le trio de frères rennais devenu quatuor se confie à Muzzart….
Photo: Charlène Flores.
1) Tout d’abord vous venez de Rennes, ville que j’adore parce que Dominic Sonic, parce que Sloy, parce que Bikini Machine et bien d’autres. Est-ce toujours aussi vivant, musicalement, là-bas ?
En ce moment c’est un peu mort mais en général oui, ça bouge bien. Il y a beaucoup d’asso qui organisent des concerts et beaucoup de groupes (SBRBS, Le Groupe Obscur, Born Idiot, etc). Dernièrement, quelques gros groupes de Rennes sont morts comme Sapin, Madcaps et Kaviar Special – c’est un peu triste mais ça va obliger la scène à se renouveler davantage. Et puis ça fait plus de place pour nous !
2) Vous êtes 3 frangins, ça facilite les choses au sein du groupe ou c’est la bataille rangée ?
C’est plutôt bataille rangée façon Barry Lyndon. On s’engueule en permanence mais ça fait souvent partie du processus de création.
3) A l’écoute de vos sorties (merci Bandcamp), je trouve votre premier disque (156, sorti en septembre 2015) plus rageur, plus « rock’n’roll » que le reste. Je constate une nette évolution, depuis, vers des sphères plus mélodiques bien que non dénuées de fougue. Comment s’est faite cette transition ?
Disons que 156 est ce qui nous est venu naturellement avec les références rock-garage que l’on avait à ce moment et qu’on avait ingurgité depuis longtemps. Depuis, nos goûts se sont élargis, notre musique avec. Il n’y a pas vraiment eu de transition, après les tournées pour défendre l’album on a décidé de se tourner vers une musique plus pop, plus chiadée harmoniquement. L’arrivée de Tom aux claviers et à la guitare y est aussi pour beaucoup. On garde quand même le garage dans nos coeurs !
4) Votre son m’évoque d’ailleurs régulièrement Supergrass pour ses mélodies vivifiantes, sa largesse pop aussi. Est-ce pour vous une influence reconnue et penchez-vous avant toute chose vers des élans « British » ?
Nous sommes 3 frères, alors nous avons plus ou moins la même culture musicale – la musique anglaise c’est un peu comme l’ail, on adore ça depuis toujours, on en met partout sans forcément se demander si il en faut. Supergrass, c’est un groupe qu’on aime bien mais qu’on n’a découvert qu’assez tardivement. On nous a dit que ça ressemblait alors on est allé écouter. On va parfois lorgner sur les ricains (Wand, Dent May, Foxygen) mais clairement, on préfère l’élégance et la dérision anglaise : King Krule, Fat White Family, Squid, Shame, BC Camplight.
5) Quel est votre parcours live et discographique jusqu’alors ?J’ai appris qu’un certain nombre de concerts s’était déjà tenu, comment êtes-vous accueillis dans ce domaine ?
Oui on a fait beaucoup de concerts à la sortie de notre premier album. On a fait quatre tournées : France, Angleterre, Italie/Suisse et Espagne. Franchement l’accueil est généralement top tant au niveau du public que des orgas. On nete cache pas avoir fait un ou deux fours en Suisse mais ça fait parte du jeu quand on est un jeune groupe.
6) Quelle distinction faites-vous, par ailleurs, entre la scène et le studio ?
Ce sont des exercices très différents. On essaye toujours de garder le live en tête pour ne pas se retrouver avec deux fois plus de travail, en sortie de studio, à réadapter toutes les chansons pour qu’elle fonctionnent sur scène.
7) Votre single à venir (sortie le 27 mai), constitué de 2 titres tous neufs, m’intrigue par sa pochette. D’où vient-elle et comment s’est déroulé l’enregistrement de ces nouveautés ?
C’est notre ami Victor Quintard qui a pris la photo (Instagram Victor Quintard). Il fait beaucoup de photo prises sur le vif à Paris. C’est mortel ! On adorait celle-là, ça collait parfaitement à ces 2 titres qui parlent du sommeil et de l’oisiveté. On a enregistré quatre titres fin 2019 en deux jours à Laval, c’était sportif. C’était un peu une répétition générale pour l’album. On a pas mal expérimenté pour trouver une nouvelle esthétique à nos morceaux. Nous étions six en studio, Tom et les deux ingés son nous ont beaucoup aidés.
Photo: Pierre Mier.
8) Suite à cette sortie, le live risque de ne toujours pas être de mise. Gros manque j’imagine? Comment comptez-vous « compenser » et à quoi vous consacrerez-vous alors ?
On ne sait pas trop comment ça va se passer. On n’avait que quelques concerts de prévus jusqu’en juin. On est pas mal inquiet pour la suite en revanche : beaucoup de cafés-concerts et clubs sont dans une situation assez critique. Ceux qui survivront vont être inondés de propositions de concerts. 2021, ça va être la jungle ! Aucune idée de comment compenser ça !
9) Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos compositions ?
Jusque là nos textes parlaient beaucoup de l’enfance et de la perversion. Le prochain album parle davantage du monde dans lequel on vit. Plusieurs chansons évoquent des personnes en colère et qui s’interrogent sur des sujets contemporains comme le nationalisme ou la question du genre.
10) « En trio jamais un d’trop », me dis-je souvent. Vous confirmez ?
On confirme tellement que maintenant on est quatre ! Tom tantôt à la guitare, tantôt aux claviers nous a rejoints l’année dernière !
Photo avatar: Charlène Flores.