Toujours dans le circuit après son premier « 7 inch » en…1989, Superchunk nous a gratifiés depuis, et jusqu’alors, d’albums que je considère comme indispensables (No pocky for Kitty, On the mouth, Foolish et j’en passe). Nombre de ses albums ressortent aujourd’hui par le biais de Merge Records, et le quatuor mené par Mac McCaughan (guitar, vocals), Jim Wilbur (guitar, backing vocals), Jon Wurster (drums, backing vocals) et Laura Ballance (bass, backing vocals) nous fait aujourd’hui la surprise d’un live, joué au Japon en 2009 et enregistré, heureuse initiative, par leur sondier Luc. La scène étant le terrain de jeu favori, en plus de leurs albums de haute qualité, des ressortissants de Chapel Hill, il va sans dire que les morceaux joués ici satisferont leur homme. Ca débute d’ailleurs avec Throwing things, rugueux, qui donne le ton. On est prévenus; avec ces quatre-là, on erre en eaux punk-rock poppy, passées au filtre d’un courant noisy. Registre dont le groupe tient les rênes avec fermeté, Learned to surf et ses riffs ardents lançant définitivement la machine à balancer du tube indé. 2009 certes, pour ce live, mais on est bel et bien dans un esprit 90’s assumé, Cool (et survitaminé) comme l’est la chanson, frénétique et maîtrisé. Chez Superchunk, les mélodies ne sont pas remisées; elles tiennent leur rang, valables, dans le courant rock soutenu de la clique. Une belle sensibilité pop émane même, à l’occasion par exemple d’ I Guess I Remembered It Wrong. Dans un ensemble qui rarement se détend, le concert est intense.
Detroit has a skyline, guitares massives en amorce, le démontre. Il donne de la pédale (d’effets), brille au milieu de ses tirs de boulets punk-rock. For tension, l’un de mes préférés, fait vaciller les murs. On aimerait y être. Push me harder, tempo échevelé en sus, trace sans regarder dans son dos. Hello hawk, d’obédience plus pop, honore la capacité de Superchunk à se distinguer dans tout créneau…pourvu que ce soit dans la frange indépendante.
C’est un bonheur, réel, d’entendre ça. Crassed wires ne dépareille pas, c’est de toute façon une enfilade de standards rock que Clambakes Vol. 10: Only in My Dreams – Live in Tokyo 2009 délivre. Tiny bombs, délicat, émeut. Driveway to driveway griffe en mode mid-tempo, il n’y a sur ce disque aucun temps faible. De ritournelles bien belles en notes rudes, d’un allant punk à des accents pop, Superchunk possède une identité reconnaissable. The first part le voit réattaquer plein pot, selon une énergie juvénile inarrêtable. Precision auto, lui, verse dans le punk-rock pur jus en poussant la dite énergie plus loin encore. Fougueux, le groupe prouve que les années qui passent n’ont que peu d’emprise sur son répertoire. Tokyo, reprise de circonstance de Telekinesis, complète la collection sans flancher. A sa suite, Cast iron mord et riffe comme on aime, zèbre la salle de ses scories noisy.
Et voilà Slack motherfucker, dont je pousse le volume tellement je l’aime. Aucunement émoussés, les musiciens empilent les perles et font se secouer, vigoureusement, les crânes. Ce type de disque s’écoute d’un jet, à l’image de la façon dont le groupe le joue. C’est la fin, croit-on…mais non! Un Hyper enough déchaîné en guise de rappel, porte l’assaut final. Vous l’aurez, depuis longtemps déjà, compris: un set de Superchunk, les ventes du disque allant par ailleurs à des associations caritatives, garantit une belle exaltation, continuelle, au son de titres imprenables et transcendés par la vigueur scénique du combo.