Quatuor « post-noise » from Paris, Cosse sort avec ce Nothings belongs to anything son premier EP. A l’instant où j’écris ces lignes, la douce voix de Lola Frichet, l’élément féminin du combo, orne l’excellent Pin skin, seconde des cinq perles servies sur l’objet qui, par ailleurs, offre aussi une jolie pochette. Celle-ci illustre bien la posture de Cosse, entre splendeur contemplative touchant au post-rock et excès soniques qui, de façon impérieuse, lacèrent le tableau. C’est le cas ici, donc. Mais avant cela, Welcome newcomers aura eu le bon goût de nous accueillir de façon avenante, certes, mais en nous soumettant à une atmosphère troublée. J’ai craint, à l’écoute des premières texture et malgré leur beauté, « l’excès de post ». Il n’en est rien, on est ici dans un juste dosage et l’ennui n’y a pas sa place. Le chant amène du relief, les rythmes se font versatiles. Celui de l’amorce, d’un coup, s’emballe. On trouve dans l’EP beaucoup de sensibilité, mais à fleur de peau, sous-tendue par des élans nerveux. De motifs bien sentis en attaques fatales, Cosse pète les plombs et séduit grandement. Ses plans noisy stylés crachent du feu, s’enflamment puis retombent. La qualité, elle, reste sur les hauteurs.
Sun forget me arrive alors, on en est à la moitié du disque. D’une feutrine menaçante, la chanson fait pointer l’implosion, semble se positionner sur un point de rupture. Elle gronde, hausse le ton tout en conservant une confondante magnificence. On sent, on entend, une maîtrise du champ musical que privilégie Cosse.
Tout ça est abouti, l’investigation des comparses porte visiblement ses fruits. Ses breaks et voix alliées sont d’un apport perceptible. Sur le dit morceau, la féminin-masculin fait sensation. On appréciera la démarche du groupe, personnelle. Avec Seppuku, doté de cette délicatesse au fond dé-rangé, il se confirme que les Franciliens frappent fort. Des montées abrasives s’invitent, suivies de notes subtiles. L’enchaînement n’est jamais forcé, loin s’en faut. Rugueux dans le cotonneux, Cosse promet déjà, sur son EP, beaucoup. Rappelons, à ce sujet, que la rondelle sort chez A Tant Rêver du Roi et Grabuge Records. Ca la renforce dans ce qu’elle renvoie tant on sait ces deux structures fiables et investies. Fort d’une belle accroche, Nothing belongs to anything gravit la roche, direction le faîte de la montagne.
Son dernier coup de semonce, The ground, nous décolle du sol. Chant colérique, tissage sonore changeant et merveilleux, rêverie et éveil brutal au son d’instruments à l’unisson dans leur « débridage » forment un ensemble bluffant. Les quatre fauteurs de trouble sèment..le trouble, paraphent un EP excellentissime dont la fin, entièrement orageuse, tutoie le feu noisy d’un Sonic Youth. On attendra bien des choses de Cosse, c’est une certitude, après des débuts de cette trempe.