Groupe entièrement féminin (et tant mieux!) venu de Pampelune en Espagne, Melenas en est avec ce Raros dias à son deuxième album. Les filles y chantent dans la langue de Cervantes, jonglent entre garage, pop et rock. Elles y mettent une jolie féminité dans le chant, passent par des détours bluesy scintillants (29 grados). Primer tiempo lance les hostilités en se parant, belle chose, d’envolées de keyboards aux effets psyché. Le morceau, doux mais cadencé, céleste, permet au quatuor de débuter sur une très bonne note. Avec No puedo pensar, on se retrouve dans une garage-pop elle aussi bien sertie, de belle facture. Dios raros donne l’impression, déjà, que rien de mauvais n’y trouvera place. Passé le 29 grados cité plus haut, Despertar s’aventure dans des sphères dreamy, sans se presser, sûr de son impact. Belle trouvaille que ce disque attachant, jusqu’alors mesuré, certes, mais attrayant. On ne connaît encore, pour l’heure, que peu de formations en vue issues d’Espagne. Melenas comble le manque avec brio et l’usage de sa langue natale passe sans aucun souci. C’est même très chantant, la caresse des chants ajoutant à la valeur de l’opus en présence.
El tiempo ha pasado s’appuie sur les claviers, haut perchés, pour s’envoler. On en arrive alors à la moitié de l’essai; Los Alemanes, cosmique, renforce à son tour l’ébauche des quatre filles. On y trouve, en plus, des choeurs enjôleurs. Doucement, la chanson monte en intensité. Elle reste retenue mais d’une belle étoffe, acidulée dans ses penchants doucereux. Soudain, le rythme s’emballe. Ca se finit nerveusement, sans se départir de l’élégance inhérente au morceau.
Avec 3 segundos, le terrain est plus offensif. Shoegaze, zébrures soniques et tempo alerte sont de mise. On s’y laisse prendre sans résister, conforté dans notre ressenti favorable à ce Dios raros de qualité. Ses motifs sont beaux comme sur le titre en question, on apprécie également,et même plus encore, de le voir s’enhardir. Ciencia ficcion, suivant une pop au décor de sons malins, rassurera les plus dubitatifs. En Madrid, posé, hausse ensuite le tempo avec à propos. L’album est vivifiant, aigre-doux, et passe comme une lettre à la poste. Ya no es verano, en sa fin, suinte l’indé estampillé 90’s. Il m’évoque Thousand Yard Stare et souffle une pop griffue autant que racée. L’ornement, une fois encore, est estimable. Des passages surf et bluesy s’invitent, bien placés.
J’en ai maintenant la certitude; Melenas trousse avec son Raros dias un opus sans fautes, peut-être trop sur la réserve, parfois, mais d’intérêt constant. Celui-ci s’achève d’ailleurs dans la quiétude, au son d’un Vals mélodieux. Ca sera le seul bémol, ce côté tranquille très légèrement excessif, à apposer à l’ouvrage du groupe. Pour le reste, rien n’en sera à exclure.