Duo incluant Ingmar Petersen (bass and vocals) et Claus-Peter Hamisch (drums and vocals), Beehover est basé à Esslingen, en Allemagne. Actif depuis 2005 et fort de plusieurs parutions, le projet délivre un sludge-rock féroce et groovy, marqué entre autres par l’influence d’un Melvins…et de Beehover himself. Chant rauque ou crié venu du métal, parfois pas éloigné de celui de Mike Patton, pointes 70’s et syncopes rythmiques dans l’unité concourent à identifier la paire, qui nous livre avec Low performer six titres indéboulonnables car sacrément bien boulonnés. Goreplay est le premier d’entre eux, il combine les éléments cités plus haut et distingue les deux hommes d’emblée. Puissant, le groupe frappe fort. Son second morceau, Weisenheimer Blues, nous transporte sur plus de sept minutes bluesy-sludge qui montent dans le ciel, intenses et aériennes dans le même élan. On ne s’en tient pas, sur Low Performer, à une seule et même direction. On ouvre le champ, on définit aussi ses contours propres. En cela et de par la valeur de ses plages, l’album est estimable. Army of good evil, riffs de basse crus dans l’escarcelle, épaissit le trait. On ne fait peut-être pas dans la dentelle, c’est un fait avéré, mais on trousse des essais de choix. Si l’ébauche ne dure « que » six titres, force est de constater que Hamisch et Petersen, qui parfois aèrent leur registre, disposent de solides arguments.
Fisherman, lui aussi étiré (il dépasse les huit minutes), ajoute à la sensation de psychédélisme pénétrant qui ressort de l’ouvrage. Sludge oui, fermé jamais, Beehover fait dans le brut pensé, avec un brio constant. L’éponyme Low performer, leste, combine accords lourds et rythme pesant, vois samplées également si je ne m’abuse, puis s’emballe sous l’effet d’une batterie lancée à toute berzingue. La voix, hurlée puis plus « lyrique », changeante, enfonce l’enclume. Ne cherchons pas à résister, le tank est lancé. Enfin, Hell is paradise vient poser, à l’issue de, tout de même, quarante-cinq minutes d’identité sonore indéniable, ses notes d’abord retenues…avant que le flux pataud et haché « maison » ne s’impose, dans l’union avec un vocal décidément tout terrain.
Cohérent et continuellement notable malgré ses longues chansons, Low Performer mérite l’attention et incite à se pencher sur les sorties d’un Beehover sans nul doute émancipé, affairé avec bonheur à instaurer un son qui ne revient qu’à lui.