Groupe lyonnais, The Midnight Computers est né de l’envie de deux producteurs techno, Jonathann Cast (vocals – programming) et Pascal Roeder (guitar – synthesizer) de rompre une forme de monotonie. L’un a baigné dans l’indus et l’EBM, l’autre porte des influences rock 70’s et très vite, les 2 comparses s’assurent les services d’ Alexandre Saintorant (guitar – bass), ancien « gratteux » punk. Animés par un goût commun pour la face sombre et synthétique des 80’s, les Rhodaniens chopent une boite à rythmes et sans trépigner, peu de temps après leur formation qui date d’octobre 2019, signent ce Anxious « de toute valeur ». Huit titres où post-punk, chape électronique et traces encore indus, sur un tempo jamais pataud, suscitent l’adhésion. C’est le titre éponyme, dark et rugueux, qui pose la première pierre. Ses incrustes new-wave, légères, sertissent le début d’album, prometteur. La sécheresse de la « batterie » nous ramène, elle, à l’ère de prédilection de nos trois musiciens. Succubus, cold et « tout courant », tous courants aussi car ici, on télescope les genres avec un style certain, entérine une esquisse d’ores et déjà prenante. Organique, synthétique et coups de trique, étayés par des synthés pas vraiment en reste, président. L’assemblée est énervée, rassemblée pour servir la cause d’un son à elle. Laura, claviers finauds et instruments orageux en poupe, unit les troupes.
J’apprécie, grandement, la patte déjà affirmée du projet. Un brin de « gothisme » s’y invite; j’en estime, grandement, le côté « on trace tout l’temps ». La boite à rythmes, c’est fait pour mettre du rythme et là, c’est pile-poil l’idéal. Blinding necessities (s’ils sous-entendent que « les nécessités aveuglent », je suis entièrement d’accord), fort des mêmes avantages, assure l’accroche sans buter sur ses croches.
Disgrace, en bonne position dans le marathon, ne fait pas dans le baratin. The Midnight Computers a la fièvre cold, son urgence provoque la transe. Murder pain, comme The Cure quand il plonge dans le tourment, comme Jessica 93 quand il a fini son kébab et se remet à composer, frappe fort, quelque part entre spleen, shoegaze et finesse/délicatesse prise dans le torrent, cette fois moins trépidant, des Midnight Computers. Tears renoue avec la vitesse, il nous met en liesse après avoir, intenable, pété sa laisse. Ni baisse de forme, ni baisse de régime: Anxious reste optimal, percutant. Il s’arrête visiblement à sept titres mais en fait non, il y a au bout de la course deux bonus qui feront de mal à personne.
Le premier, Our most beautiful lies (demo), s’inscrit dans la continuité de ce que le groupe enfante. Rapide, puissant, il prolonge un plaisir de la trouvaille d’ores et déjà rassérénant. Enfin Sporstmen (demo), tout aussi cold et rentre-dedans, à peine assagi par ses machines, servi par ses apparats dark, termine ce Anxious tendu, attrayant sans discontinuer, abrité qui plus est par deux labels où la vie sonore est bien belle.