Ce Ray Borneo & The Bystanders, c’est une expérience. Humaine et sonore. Outre le fait de réunir la fine fleur de Petrol Chips, soit Ray Borneo (vocals-guitars-bass-keyboards-drum machines-handclaps-tubular bells-music & artwork) et The Bystanders (Julie Williams / vocals, handclaps & flute; Noël Bingo / vocals, handclaps, flute, acoustic guitars, glockenspiel, photos & artwork; Nathanael Pinderkaast / Lyrics; Clément Michel / Drums; Morzini / saxophones & trumpets et Vestale Vestale / violin), le disque donne, écouté sur une bien bonne chaîne hi-fi, ceci; Haut-Parleur gauche : Ray Borneo – Basse, batterie et guitare/Haut-Parleur droit : The Bystanders – Boîte à rythmes, claviers. Les « chantants » y officient sans préparation préalable, ce qui renforce le côté décalé et singulier de l’essai collectif, un peu foutraque à reconstituer je l’avoue (j’ai, moi-même, peiné à m’y retrouver). Mais passons à l’écoute, attrait aidant.
La rondelle, troussée dans un rock lo-fi brillamment indé, s’avère alors être d’une grande cohérence. Le contenu me fait penser à l’éventail large d’un French Cowboy ou des Little Rabbits, Even higher donne le ton et d’emblée, l’effet prend. Le morceau mêle les chants, suinte un minimalisme décisif et distingue la méthode d’enregistrement utilisée, qui donne une dynamique inédite. On a l’air de bricoler mais finalement, on a tout autant l’air de savoir où on va. Ou alors, c’est qu’on innove avec une sacrée prestance car au vu du patchwork que représente l’effort, beaucoup s’y perdraient.
Crashed on the moon, d’un rock urgent, confirme. On aimera les chants croisés, ce parti pris de s’en tenir à du dépouillé. On est de fait dans la vérité, loin de toute surenchère. Ecouté au casque, ce bazar est très, très psychotrope et fait des papouilles à l’esprit en même temps qu’il le met sérieusement à contribution. James James souffle un folk-indé gentiment griffu, doux et racé. Life in limbo un rock rêche, « n’roll » mais aussi élagué, aux fines touches bluesy. Ses choeurs font aussi largement le job, accentuant la portée de l’album.
Lost it, d’une étoffe d’abord blues assez rugueuse, évolue vers une trame pop-rock où, une fois de plus, les voix alliées font mouche. L’allant fait le reste, les sons de fond amènent un « décor » qui embellit un bazar débraillé autant qu’accompli. Flashes, presque punk-rock, insuffle de la fougue et cela va de soi, on l’accueille sans résister. Stoned, bien plus aérien, brille de son « lo-fisme » et parallèlement à ça, s’envole avec beaucoup de classe. Enfin Fuzzy colors, électro-rock appuyée, jubile et scintille, fort lui aussi de sons fins, inédits, et d’un bel unisson polisson dans les vocaux. Il y a dans ce puzzle musical divers éléments que le collectif recolle adroitement, avec pour effet de complètement se démarquer. On salue donc l’idée, fructueuse et d’une belle identité à l’instar de toute production Petrol Chips.