Auteurs d’un excellent Vanishing Smile en janvier dernier, Nicolas Guerroué et Mik Chevalier répondent aux questions de Will Dum.
1) Hello, pour débuter comment rebondissez-vous sur cette période de confinement ? Vous avez d’ores et déjà mis un nouvel album en boite, j’imagine ? (rires)
Mik : Ha ha, un EP peut-être ! Non sérieusement malgré un début de confinement un poil étrange, voir anxiogène, l’inspiration m’est revenue tout doucement. De mon côté, beaucoup d’expérimentation et de travail sur mes sons de basse. Egalement une remise à zéro de ma manière de travailler, la mise en place m’a pris un peu de temps mais les premières démos ont commencé à mûrir. On en a échangé quelques unes et commencé à travailler dessus chacun de notre côté, c’est là que notre manière de bosser ne change pas trop. Manquent juste les répètes et les causeries autour d’une bière!
Nicolas : De mon côté, je me suis directement mis à travailler sur quelques démos que j’avais en réserve. Celles qui n’étaient que de vagues idées sont devenus de vrais chansons ! Avec ces compos et celles que m’a envoyé Mik, ca fait une demi-douzaine de morceaux pour lesquels j’ai écrit des paroles. Effectivement, pour travailler les arrangements et structures, on fonctionne un peu en “ping-pong” ; chacun s’envoie des idées, des réflexions, afin d’aboutir des morceaux qui nous plaisent à tous les deux. On verra bien ce qu’il adviendra de ces nouveaux titres (qui ne sont d’ailleurs pas finis) mais ce travail nous aura au moins permis d’occuper positivement notre temps “confiné”.
2) En parlant de disques le dernier en date, « Vanishing smile », est sorti le 20 janvier dernier cher Unknown Pleasures Records . Quelles en sont les retombées ? Comment s’est déroulé l’enregistrement ?
Mik : Comme beaucoup de groupes qui ont sorti leur album quelques semaines avant le confinement, la dynamique qui accompagne la sortie s’est stoppée net. On a eu tout de même le temps de quelques concerts, de belles chroniques et autres retours plutôt positifs. On est très fier de cet album et quand le moment sera venu on le redéfendra comme il faut. On a un passage radio chez Darkness à honorer dès que possible, ainsi qu’une date qui s’annonce pour 2021, the show will go on !
L ‘enregistrement a été plus étiré dans le temps que l’album précédent, pas mal de réflexion sur les couleurs à donner aux morceaux et beaucoup d’écoutes et de discussions.
Nicolas : Le fait d’enregistrer “à la maison” nous permet de prendre le temps de peaufiner les morceaux, même si il faut savoir dire stop avant de devenir fous !
3) Avez-vous pu, malgré le brièveté de la période où c’était possible, le défendre scéniquement ?
Mik : Comme je disais juste avant, on a pu faire quelques concerts autour de la sortie de « Vanishing Smile ». Mais on peut dire qu’on en faisait déjà la promotion depuis pas mal de temps puisque certains morceaux se sont greffés aux setlists au fur et à mesure de leur écriture. Comme Reason que l’on joue depuis presque la sortie de l’album précédent « If The Sky Remains ». Notre dernier concert se jouait le soir du 14 mars, on a posé les guitares 1/2 heure avant la fermeture de nos lieux préférés de débauche. On s’en souviendra de cette soirée un peu bizarre, une atmosphère étrange qui survolait tout le monde, heureusement encore une fois, on était entouré de belles personnes pour passer un bon moment.
Nicolas : Quel concert ! Chanter notre morceau “We’re Dying” dans ces circonstances, c’était…particulier. J’ai hâte de retrouver la scène dans une ambiance moins pesante. On avait un concert prévu à Rennes, et d’autres ailleurs en cours de programmation. Tout est donc tombé à l’eau. Mais on recalera dès que possible des dates afin de défendre cet album sur scène.
4) Nicolas, tu oeuvrais initialement en solo pour Follow Me Not, jusqu’à l’arrivée de Mik en 2016. Ca ouvre, je suppose, de nouvelles perspectives ? Tu as aussi, fut un temps, fait de la radio et présidé une asso. Peux-tu m’en dire plus à ce sujet ?
Nicolas : L’idée initiale de Follow Me Not, c’était uniquement de diffuser mes compos. J’ai commencé à le faire sur Myspace, puis j’ai sorti en autoprod mes premiers EPs et albums. L’étape suivante (et presque ultime pour moi à l’époque) était de sortir un album sur un label. Chose faite avec “Nothing Comes With A Smile” qui est sorti sur Unknown Pleasures Records. J’avais alors deux choix possibles : soit je restais sans cette routine, soit je me fixais un nouveau challenge, celui de présenter ma musique en live. L’idée de le faire tout seul ne me motivait pas spécialement, d’où l’arrivée bienheureuse de Mik au sein du projet. Passer de solo à duo a permis un grand développement pour Follow Me Not et ca l’a surtout transformé en une chouette aventure humaine.
Concernant mes activités antérieures, j’ai présidé l’asso Clyzenn, au début des années 2000s, qui a organisé pas mal de soirées “dark” dans toute la Bretagne. Outre les nombreuses soirées mix, et les amitiés créées à cette époque, je retiens surtout le travail de programmation que l’on a réalisé en invitant des groupes tels que (entre autres) Morthem Vlade Art, LT-No, Cinema Strange, Punish Yourself, Das Ich, The House Of Usher, Collapse…et October 27th (duo dans lequel officiait Mik…à la basse évidemment). C’est à la même époque que j’animais dans une radio associative lorientaise l’émission Black Planet, consacrée, comme son nom l’indique, au musiques sombres. C’est d’ailleurs lorsque l’émission a cessée que j’ai crée Follow Me Not.
5) Votre discographie se chiffre désormais à 3 EP’s et 7 albums ; ça vous assure une pleine reconnaissance, ou plutôt un succès « de niche » émanant avant tout de la sphère cold à laquelle vous appartenez ?
Nicolas : Malgré notre riche discographie, notre succès reste confidentiel. On ne cherche de toute façon pas spécialement à faire de notre musique un business. Même si notre background musical est pour tous deux la musique cold, je pense que le spectre musical exploré par Follow Me Not est plus large (en raison sans doûte de mon goût pour le rock indé, le shoegaze…). Potentiellement certains de nos morceaux pourraient donc toucher un plus public plus large que les fans de PostPunk mais au pays de Jul, Bigflo & Oli et Vianney, les choses ne sont pas aussi simples…
6) Vous êtes visiblement des vieux routards de la place rock. Quel regard portez-vous sur la scène française et par chez vous, y’a t-il des formations qui selon vous méritent la découverte ?
Mik : Les vieux routards sont jeunes dans leur tête et ce grâce au rock, ha ha !! La scène française est vaste et très riche dans tous les styles. Beaucoup de « petits » groupes mériteraient d’être mis en avant au lieu de ce que nous servent les biens pensants de la musique bizness avec leurs produits fabriqués. Heureusement, il y a quelques irréductibles qui osent faire confiance à l’art tant qu’il est sincère, de l’importance du réseau des cafés-concert et des petites salles, des assos ou des labels indépendants, comme la relation artistique que l’on a avec Pedro de chez Unknown Pleasures Records. On a drôlement progressé en partageant nos idées et points de vue pour en arriver là et être encore une fois fier de ce que l’on fait et propose aux auditeurs, sur disques ou lors de concerts plus ou moins intimes dans des lieux extras. Un vrai bonheur !
Il y a énormément de formations dans toutes les régions et de très bonnes formations dans tous les styles. Après en Finistère les musiques dites sombres ne courent pas les rues. On a réussi à jouer avec des cousins d’ambiance comme Egoprisme de Brest ou Tchewsky & Wood de Nantes. Je peux citer quelques noms comme Dead, You Vicious!, pour les locaux et sinon Catalogue de Marseilles, FTR (anciennement Future), Lovatarrax (voisins de label). En parlant du label, on trouve d’autres bretons comme les Maman Kusters chez UPR également ! Et j’en oublie sûrement, ça bouillonne de créativité dans l’underground.
Nicolas : Je rajouterais aussi Soon She Said, des bretons également, qui font un excellent Shoegaze.
7) Etes-vous accompagnés par une structure particulière, ou autonomes et indépendants « de bout en bout » ?
Mik : Plutôt autonomes et indépendants dans la création et bien accompagnés dans nos productions par UPR, sans qui notre visibilité ne serait certainement pas la même. Pour les concerts c’est pareil, beaucoup de mails ou notre petit réseau de potes et de rencontres bienvenues.
8) Pour en revenir aux concerts donnés, vous avez ouvert pour The Stranglers, Wayne Hussey ou encore Modern English, entre autres évidemment. Des moments qu’on garde en tête pour un long moment, je suppose ?
Mik : Oui, je n’en reviens pas d’avoir partagé une scène avec d’autres routards encore plus vieux, ha ha. Je crois que le meilleurs partage fut avec Modern English au Supersonic, j’ai recroisé Mick Conroy quelques mois après, en loge je lui avais dessiné sur une assiette en papier une vague carte des lieux à visiter en Bretagne. Et paf, à Rochefort en Terre lors d’un weekend entre potes, on se retrouve entre 2 crêpes, il me tend alors une vraie carte Michelin en rigolant.
Sinon avec les Stranglers c’était énorme, devant 1000 personnes, dont 3 bus d’anglais bien bourrés mais assez réceptifs à notre set puisque certains nous ont acheté des cds ou félicités. Un petit échange vite fait avec Burnel et le regretté Greenfield, un sacré moment et un accueil au top (d’ailleurs l’organisateur nous rappellera 3 mois plus tard pour jouer avec Magma!!).
Avec Wayne Hussey c’était plus distant, aucun contact sauf avec Hashton Nite qui faisait la tournée avec lui, très sympa. Un gros souvenir tout de même car jouer dans la salle mythique du Vauban à Brest, ça a quelque chose de magique et j’en rêvais depuis longtemps à force d’y prendre en photo pas mal de mes artistes préférés ! Allez j’en rajoute un peu : avec No More au Galion à Lorient (super lieu aussi) c’était vraiment extra aussi, un bel échange avec des gens charmants, avec nos tout aussi charmants potes DJ Stendhal et Patientzero qui mixaient/buvaient entre deux ce même soir.
Nicolas : Je citerai aussi le concert au Supersonic, avec les Modern English. La veille on jouait à Rouen. Ce week-end là c’était la première sortie en dehors de la Bretagne pour Follow Me Not et c’est un super souvenir.
Les belles premières parties qu’ont a pu faire ces derniers temps, ce sont des choses que je n’aurais jamais imaginées au début de F.M.N. Celle des Stranglers restera un moment marquant de l’histoire du groupe. Mais j’aime aussi les concerts plus intimistes, dans les bars, où la proximité avec le public est plus grande.
En tous cas, vivement la suite !