Trio de Tel Aviv, Deaf Chonky livre un rock teigneux, à l’urgence punk, dans lequel deux filles et un garçon, à l’unisson, produisent un bien beau tintamarre. Harsh fait suite à quelques sorties déjà, le groupe a repris Slaves -ça donne une idée de l’esprit qui l’anime- et le nerf du chant de fille pousse le disque vers l’excellence. This Isn’t a Gimmick, This Isn’t a Test breake avec pour effet d’aérer l’ensemble mais fréquemment, on s’embarque dans des jets tendus et batailleurs. Cut Loose (How Do You?) crie et transpire par tous les pores, inaugurant avantageusement le début de la fête. X-Ray Baby lorgne du côté de l’indé, se fait riot girl et laisse les voix se battre en duel. C’est déjà bien bon, rares sont les détours. Ca groove sévère, en plus de ça, tout en bazardant tout d’un seul coup pour ensuite revenir à des plans fantaisistes (True love). A l’écoute de tels morceaux, on comprend le choix de reprendre Slaves. Le jus et la sève de Deaf Chonky, sa propension à jongler entre les orientations, évoquent clairement le groupe de Kent.
On surprend aussi (Austrian Waltz, posé et scintillant, plus remuant en sa fin), mais de manière irrémédiable, on renoue avec des titres au tempérament punky, joliment trempés dans un bain pop-indé (Frontline). De cette façon, Deaf Chonky se diversifie, offre plusieurs angles d’écoute et reste constamment attrayant.
Take out the trash, speed, est lui sans équivoque. Tout au moins sur ses premiers instants car ensuite, il affine le propos, en fond, en restant néanmoins rapide et impactant. On appréciera le combo israelien pour sa versatilité maîtrisée, la qualité de toutes ses ébauches et ce son live, vrai, jamais surproduit. Un délire presque rap nommé The Romans’ Road to Heaven, très court, s’intercale. Silence is violence, à sa suite, joue un rock retenu, aux effluves cabaret, tout aussi estimable et bien ficelé que le reste. Sur sa deuxième partie, il se fait plus offensif. L’alternance entre les deux tendances se maintient, on tient avec Harsh un foutue bonne rondelle à laquelle Et Mon Cul c’est du Tofu?, en indépendant indépendable, a pris part.
La fin de l’album, sans faiblir, joue une sorte de folk-punk de belle facture (I Was Wrong, Turns Out It Feels Real Good), souffle des notes bluesy. L’inspiration est régulière, la découverte, car j’avoue découvrir Deaf Chonky avec ce disque, complètement probante. The babysitter, en toute fin de parcours, jette un post-punk orné au synthé, génial et déblatérant. L’affaire, rondement expédiée, honore ADI – guitar, vocals, banjo, synth, TAMI – drums, vocals et TOM – bass, vibes, réunis pour, sur leur second LP, accomplir celui-ci avec maestria et en suivant la voie, pas toujours aisée, du brassage et de la versatilité bien jugulée.