Quelques jours après la sortie de l’ep « Is This natural », Tazieff se prête au jeu de l’interview façon Muzzart…
1) Hello everybody, alors Tazieff, ça vous vient d’où ?
(DAN) Un de nos lieux de résidence – et de confinement avant l’heure !- est une vieille bâtisse perdue dans la campagne auvergnate, entourée de volcans. C’est notamment là qu’on a élu domicile pendant quelques semaines pour enregistrer notre premier album.
Souvent, le nom d’Haroun Tazieff, qui est un peu le Coustaud des volcans, revenait dans le discussion Au moment de baptiser le projet, on s’est dit que le nom Tazieff sonnait bien, et puis on aimait bien l’idée d’un rock volcanique.
2) Comment en êtes-vous arrivés à travailler, sur By the kingdom (2015), avec Peter Deimel ? Que vous a apporté ce dernier ?
(DAN) Il se trouve que j’ai eu l’occasion de travailler avec Peter Deimel sur un autre projet, lorsque j’ai enregistré dans son studio avec le groupe The Black Box Mountain. Ce fut une super expérience, et j’avais beaucoup aimé sa façon de travailler l’enregistrement et le mix.
Peter, c’est l’école allemande : la rigueur, et aussi un grain particulier. Etant donné la couleur qu’on voulait donner à By the Kingdom, j’ai eu de nouveau envie de faire appel à lui.
3) Sur cette période, vous avez aussi et entre autres ouvert pour Lee Ranaldo, de Sonic Youth. Un tel moment doit marquer son homme, non ?
(DAN) C’est toujours un moment privilégié d’ouvrir pour un quelqu’un qu’on admire et qui fait partie de nos influences. Sonic Youth est un des premiers groupes que j’ai vus en concert lorsque j’étais ado. Sur By The Kingdom, Chris utilisait souvent l’archet sur sa guitare. Lee Ranaldo étant l’un de ceux connus pour le faire, le parallèle était amusant.
Au delà du concert, c’était génial de passer un moment avec lui et son groupe, et de partager des histoires.
4) Vous êtes tous les 3 de provenances (géographiques) très diverses ; est-ce que ça influe sur le groupe ?
(ROMAIN) Forcément ! Dans la mesure où ces origines plus ou moins lointaines ont façonné nos paysages mentaux…..je suppose qu’il y a toujours une petite horloge gnawa (courant musical mystique marocain) ou balkanique qui tictaque au fond de nous.
Elle n’est peut être pas perceptible de prime abord dans Tazieff, qui est avant tout un projet Rock, mais elle va ressurgir de notre inconscient au détour d’une syncope ou d’un pattern de batterie.
5) En quoi Is this natural, votre EP destiné à sortir le 1er mai, reflète t-il une évolution ?
(ROMAIN) A la fin de la tournée qui a suivi la sortie de notre précédent album (By The Kingdom, 2015) on a perdu notre bassiste, puis on a changé de batteur….au moins 3 ou 4 fois (haha). Donc le son du groupe a nécessairement changé…et par dessus tout ON a changé. En entrant en studio on a décidé de laisser libre court aux expérimentations et à nos influences plus pop. Quand Dan, notre batteur d’origine, nous a rejoints on a retrouvé une forme de cohésion, de synchronicité.
Ça a généré une vision différente, sans pression. La line up sans bassiste, nous a aussi poussés à nous concentrer davantage sur les machines, les effets, pour compléter le son du groupe.
6) Correspond t-il parfaitement, cet EP, à vos attentes ? Comment a t-il été conçu ?
(ROMAIN) Oui, l’enregistrement est toujours un équilibre délicat entre tes attentes, ce que le studio t’apporte en termes de contraintes, en termes de liberté, les accidents, les expérimentations, les inspirations de dernières minutes, ce qui est figé ou sacré sur les maquettes de pré-production et ne doit pas être modifié…..
C’est aussi une collaboration avec notre producteur Léo Mule, un gars sûr et talentueux. On ne raisonne pas en termes d’attente mais on essaie plutôt d’identifier la direction générale de la chanson ; ce qui est venu en premier, ce qui est important et qui assure l’équilibre de l’ensemble, bref le corps sacré qui doit rester intact, qui doit être mis en valeur. Une fois que c’est « en boite » on se laisse la possibilité d’essayer des choses inavouables qui ne vont pas forcément rester au final mais qui sont nécessaires dans le process.
7) Vous vous annoncez « intenables sur scène » une fois le confinement terminé. Que représente le live pour vous ? Est-ce l’opportunité de « défigurer » vos morceaux ?
(ROMAIN) Le live, c’est le moment où on peut enfin dire quelque chose au monde en face à face, où on va défendre notre univers et avec un peu de chance (ça ne marche pas tous les soirs) sortir de scène en se disant : » Ce soir on a voyagé et ils ont voyagé avec nous « .
Du côté du son et des arrangements on est en perpétuelle remise en question: les morceaux bougent, s’étirent, évoluent…il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir et à exprimer, parfois un petit détail, et la scène est un peu une photo instantanée de cette évolution.
Evidemment après ces semaines d’enfermement les premières dates vont avoir une saveur particulière ; on a hâte de jouer, mais on a aussi hâte d’assister à des concerts !
8) Vous en êtes, si je ne m’abuse, à un album et un EP . A quoi peut-on s’attendre pour la suite, tant scénique que discographique ?
(ROMAIN) Beaucoup de concerts qui accompagneront la sortie de l’EP, un album à venir, des images et des collaborations…
9) Le confinement, qui se prolonge, est-il pour vous l’occasion de travailler différemment ?
(ROMAIN) La plupart de nos idées de compo sont issues des jams, de l’improvisation. Ce qui implique qu’on se retrouve tous les 3 la nuit dans un studio, dommage ! Evidemment le confinement nous a forcés à nous adapter, comme beaucoup de gens sur cette planète. Après quelques semaines de répétitions virtuelles, de musique assistée par ordinateur et de conf calls on a fait le tour, merci !