Anglais, Modern Studies arrive avec The Weight of the sun, rêveur et plutôt…ensoleillé comme son nom peut le laisser augurer (mais pas seulement), à son troisième album. Qualifié de « kosmische folk-rock », il oscille entre folk donc, indé, et élans dream-pop tout en bordant ses titres d’une ambiance en clair-obscur, parfois sulfureuse, façon Elysian Fields. De belles harmonies vocales imprègnent le disque, voix masculine et féminine s’y lient gracieusement. Enfin on n’oublie pas, de temps à autre, de dévier vers des contrées effectivement cosmiques (Brother), aux sons qui prennent la tangente. On appuie le tempo aussi, à l’occasion (The blue of distance), les idées porteuses sont légion. On obtient de fait un très bon recueil, que Photograph ouvre sur un ton céleste. Il est bon et facile, dès lors, de se laisser happer. Jamais figé, l’opus offre des climats divers, s’assombrit parfois, s’enhardit sur d’autres temps. Ce morceau d’ouverture évoquera d’ailleurs le clan de Jennifer Charles et Oren Bloedow. On ne s’en plaindra pas, l’atmosphère exerçant de suite une belle attraction. Elle ne manque pas de piquant, encore moins de caractère, à la fois belle et menaçante.
Quant à Run for cover, doté de cette dualité dans les chants et de gentilles griffures émanant des six-cordes, il fait émerger la patte Modern Studies. On remarque, en parallèle, la musicalité de l’ensemble. Chez Fire Records, on ne choisit pas ses artistes sur un coup de tête; les choix sont pensés, la qualité récurrente. Heavy water et sa pop-folk scintillante, puis She et ses contours rêveurs animés, à leur tour, convainquent.
C’est toutefois quand il fait dans le « moins classique » qu’on suit volontiers Modern Studies; déjà probant sur ses plages de facture dite « prévisible », il atteint les cimes quand il suit ses bifurcations, s’adonne à une fantaisie porteuse. Corridors, dreamy et souillé, va en ce sens. Ca crédite le groupe, visiblement à son affaire. Signs of use le voit renouer, avec succès, avec un déroulé délié, sur lequel chant grave et organe plus doux, comme partout ailleurs, créent un contraste décisif. Brother, élégant, entérine l’identité de Modern Studies, qui recourt à des cuivres épars mais dont les notes s’avèrent, à l’instar du piano, marquantes. Le titre dévie, s’envole. C’est magnifique et comme écrit précédemment, jamais trop convenu. On contourne, par ce biais, l’ennui qui de temps à autre ponctue les disques d’obédience folk. Ce Jacqueline posé, plus loin, démarre d’ailleurs classiquement mais se pare de légères ruades sonores. Tout, sur l’album à la pochette colorée, mérite une attention soutenue. Spaces, en toute fin ou presque d’une épopée chatoyante et pleine de vie, d’inventivité, jette un folk entre ciel et terre, avenant et acéré, tumultueux dans sa cadence de fond.
On l’aura compris, The Weight of the Sun est une réussite. Intégrale. Shape of night y met fin légèrement, voix et cordes l’enjolivent et l’obscurcissent dans le même mouvement. Modern Studies rend une copie brillante, émaillée de sons qui en rehausseront la note, élevée, et de recoins sombres ou piquants de nature à la parfaire.