Quartet de Denver, Abrams n’en est pas à son coup d’essai. A la tête d’un heavy-rock qui louche vers le grunge et tutoie le métal, fait valoir des riffs massifs mais aussi de belles mélopées (Joshua tree), il sort son nouvel album, Modern ways. C’est, sauf erreur de ma part, son troisième LP et le combo, déjà reconnu et distingué pour son effort précédent (Morning, juin 2017), pourrait décrocher la timbale. Outre le fait de sonner dynamique, l’opus allie le brut et le mélodique avec justesse. L’éponyme Modern ways riffe dur pour d’emblée poser les bases: guitares heavy, voix d’homme, accroche 90’s et tout le toutim atteignent la cible. Poison bullets, dans la foulée, tire lui aussi un joli boulet, plus tempéré. Quoique…ses envolées, portées par le feu des six-cordes et un chant ardent, lui assignent une certaine puissance. Abrams est à son affaire et parait à l’aise dans son créneau, leste quand arrive That part of me. Chacun des titres joués est de taille, la dizaine de compositions produites s’enchaîne sans qu’on ait à déplorer la moindre faille. Patrick Alberts : Guitare – Zachary Amster : Guitare & Voix, Ryan Dewitt : Batterie et Taylor Iversen : Basse & Voix troussent leur album qu’ils disent être le plus personnel de leur discographie. Ca leur réussit visiblement.
Find a way, fort de ce riffing cru, consolide la baraque. Abrams fait pourtant vaciller les fondations mais celles-ci, costaudes, tient le choc. La bataille est pourtant rude. On ne tourneboule pas le style, c’est une certitude, mais on lui offre une série de morceaux amenés à y siéger durablement. Aucune démonstration n’est, non plus,en vue: Modern ways est efficace..moderne, et percutant.
Les penchants mélodiques du tout font du bien, elles font reluire le rock mordant que renvoie la rondelle. My war en profite, il assied par la même occasion la cohérence de l’album. Silver lake, en son amorce, est plus subtil encore. Il marque le passage assagi, mélancolique mais sans omettre le tir de poudre qui guette au coin du bois, des quatre collègues. L’idée n’est pas mauvaise; en nombre réduit, les essais modérés trouvent leur place naturellement. On retourne d’ailleurs vite à l’option « bullet »: Silence (tu parles..), rageur et mélodieux dans le chant, lâche une truelle de ciment qui élève l’édifice. Tiens, le dit chant prend des accents gutturaux, la pluie de six-cordes nous tombe sur le coin de la margoulette. La rythmique est un bulldozer de nature à investir n’importe quel terrain. Celui de Pale Moonlight, psyché, s’enrage à l’occasion. On pensera, aussi, à la scène de Seattle pour l’ambivalence entre quiétude tourmentée et puissance à peine tenue.
Le format, réduit à dix « songs », est de plus idéal. On reste, de fait, dans le rendu. Marionette, à l’entrée en matière également un brin psyché, sous-tendue, fait parler des décibels lestes. Il navigue entre voix aérienne, instrumentation subtile, et embardées plus ferventes. Tout est dit et le discours est crédible, bien asséné. Abrams paraphe un bon album, dans une mouvance déjà pratiquée à bloc, certes, mais à laquelle son Modern ways sera loin de porter préjudice.