Duo transalpin constitué d’ Andrea Dellapiana (guitare, voix) et Nicholas Remondino (batterie, voix, claviers), réunis autour d’une acoustique tantôt simple et abordable, tantôt plus louvoyante, Byenow sort un album éponyme, son premier semblerait-il. Eh bien non, mes investigations m’amènent à retrouver un très valable -mais aussi très exigeant et déroutant- A Pen Cap And A Cup, sorti le 20 décembre 2015. Pour se recentrer sur ce Byenow qui précise le tir, il s’agit d’une ébauche aussi pure que souillée, ça et là, par de l’électronique, éparse, et quelques bruits inédits. Ou encore un frémissement de cymbales (Deny the sun) attestant de la réalité du tout, qu’on croirait joué près de nous. Les voix y sont sincères, l’émotion très certainement vraie. Window ouvre, pour y laisser entrer le jour, une bicoque folk soignée, minimale, au jeu raffiné. L’éveil est cotonneux, mon réveil parfait puisque accompagné d’une belle ritournelle, avenante. Mais ornée, derrière son apparente tranquillité, par une poignée de sons assombris. A l’évidence, Byenow s’évertue à frapper l’album de son sceau. Stay away, dans une acoustique flirtant avec l’électro et expérimentant avec bonheur, sous le joug d’une batterie à la frappe fine mais insistante, le confirme. Des voix à l’unisson ancrent le projet, par ailleurs, dans une réelle pertinence. Le chemin suivi n’est pas complètement prévisible et Byenow, s’il suit des tracés parfois connus, s’en détourne à l’occasion et surtout, met de lui dans son oeuvre.
Float, d’un folk entre soubresauts et retombées, transpire lui aussi la vérité, l’absence d’artifice. C’est audible et ça contribue, bien entendu, à créditer les Italiens. Deny the sun, mis en exergue par des sons lo-fi à la fois étranges et entêtants, réguliers, renvoie cette beauté écornée qui convient aux 2 comparses. Une ferveur contenue mais réelle émane de leur essai, à l’allégorie pour le coup enthousiasmante. Cracking leaves, rien que par son intitulé, produit l’effet tranquillisant des sous-bois. Paisible, bucolique, il aide à retomber, à évacuer.
Rooted, choeurs plein d’allure à l’appui, orné comme le reste de sonorités autant discrètes que remarquables (et remarquées), de claviers au ton enjoué, embellit la mélancolie. Rien qu’à 2, avec l’apport toutefois, notons-le, de quelques invités bien loin d’imposer un tintamarre malvenu, Dellapiana et Remondino ficèlent un disque artisanal pas banal, une sorte de Playground, pour reprendre le titre à venir, aux trouvailles sonores qui font la différence. I don’t miss you at all, à l’acoustique orageuse, s’en prend visiblement et avec force à une caste non désirée. Byenow est vrai, je le répète, au point qu’on court le risque de s’amouracher de son ouvrage. Je pense d’ailleurs au Swell de David Freel et Monte Vallier, à l’écoute, pour ce folk indé de toute beauté, livré ici dans une version moins électrique évidemment.
EYEsUN, avant-dernière pièce d’un séduisant tableau, se développe trop peu. Il prend fin là où on attendait une suite mais qu’importe; un enchanteur The omnivore’s’s dilemma, cuivré un peu à la Calexico, fait péter la banco. Dans une splendeur entre coin du feu et paysages alpins, Byenow signe un disque de toute beauté, qu’il a l’intelligence de ne pas restreindre à son seul éclat folk.