Duo de Benevento en Italie, Unruly Girls allie Humbert Alison-Guitars/Synths/Bass/Piano/Voice et Luigi Limongelli-Programming/Drum Machine/Noise/Producer, comparses visiblement en phase sur le plan musical. Forts, déjà, d’un disque paru en juillet 2017, intitulé Cruel tales. Soniques et ouverts, ils récidivent sous la forme de ce Epidemic entre synth-wave, électro, noise, relents indus et climat froids, que lance un bruissant She Grew Up In A Shotgun Row, déjà abouti. Un rock saturé, grésillant, aussitôt suivi d’une trame bluesy, en son début, aux élans noisy à la Jesus and Mary Chain (Please give me a smile). Avant que Chanson massacre, expérimentation d’un jazz noir et majestueux, ensuite électro à l’errance passionnante, chantée en Français, n’ouvre l’éventail de manière plus large encore. La voix de Maria Pia Santillo, narrative, y fait merveille. On est sous le charme, déviant, de l’album. Dren crom, cold et alerte, psyché aussi, laisse échapper des sons opposés aux convenances. Sous ses airs de bric à brac sonore, Epidemic est tout simplement un must. On y fuzze, on y malaxe les genres, on y dérape et on y associe sensualité tordue et vice à peine déguisé.
Black love, cheap et dirty, entre en crue. Dans son rock’n’roll crade et impoli, Unruly Girls lance des seaux de vitriol, des chants hargneux, place une boite à rythmes qui ajoute à ses penchants « bricolés », savamment bricolés devrais-je même dire. No Wonder You Want Me Dead, essai mélodique dans son fond brouillé, évoquera aussi les frères Reid lorsque, « retombés », ils effleurent la pop, dont ils salissent la beauté sans l’écorner. S’ensuit Bloody brushing suit, riffeur, en forme d’électro-rock (n’roll) murmuré, obscur, qu’on s’empressera de ranger sur l’étagère des pavés incontournables du créneau. Unruly Girls sait s’y prendre, il associe magnificence maculée et sons impolis avec adresse. Il breake ici avec douceur, puis s’adonne derechef à des encarts hérissés. Syrup & Soda, chanson psyché et « volante », dégage des effluves jazz et sons encore une fois irrévérencieux.
On n’est pas du genre à faire des courbettes, mais on sait faire du beau. Narc Boyfriend, lancinant, explose en une gerbe sonore, se fait psyché à l’instar du titre qui le précède. On remarque à nouveau la rudesse et la déviance des sonorités, le « souillage » un peu à l’image du peintre qui, en plein ouvrage, laisserait son pinceau baver sur la toile. Death in April (on est décidément dans une grande joie) fait preuve, à son tour, d’une certaine justesse entre délicatesse et incartades de sons dark. La saxophone d’ Emanuele Pontoni s’y incruste et dépayse, on y trouve des voix sucrées mêlées au sel de l’instrumentation. Tout est bon dans ce disque, Everyday A Dead Cat suinte une électro-psych aux chants doux, merveilleuse. Pour qui aime l’écart, la largesse d’esprit et le façonnage très DIY, Epidemic s’impose. Youth barbarism en amorce la fin en unissant rock bourru et pouls électroïde, sur fond de bruits célestes. Une fois de plus, ça fonctionne de A à Z.
We go and good remains, à l’issue, impose sa lente avancée, aérien et, dans le même élan, « grondant ». L’opus se termine ainsi, ses 13 titres sont tous excellents. On salue l’effort donc, qui confirme la valeur d’une paire validée par ce second jet exemplaire, conçu de façon collective -de nombreux « guests » y figurent- et constamment accomplie.