Duo brestois délirant -mais pas tant- adepte d’une fusion haute en groove déjà bien illustrée par l’EP First Jets (septembre 2018), Man Foo Tits revient avec cette fois une arme autrement plus redoutable, puisque plus longue et semblant décupler la folie entraînante de l’essai inaugural: un album! Entier, avec des morceaux de déconne dedans, du Franglais que j’avoue aduler car quand je le braille (c’est le mot…), je crée l’illusion d’une pseudo-valeur en langue Anglaise alors qu’au bout du compte, le ridicule guette. Mais revenons à ce Seulement in it (for the money? ça serait pas étonnant, ces gars-là l’aiment autant que Bono). Je blague par vagues, ils s’en foutent bien de palper. C’est le son qui leur importe et sur ce point, on prend une taloche que le morceau éponyme, son de basse addictif en avant, fait retentir d’une manière déjà incoercible. C’est des Beastie Boys bretons, en fait, avec en commun la dérision et l’agilité à imbriquer. La tchatche est loquace, les refrains de ceux qui restent instantanément dans la caboche. J’entends un let’s go crazy dans Pink onion party; il s’agit bien de ça, devenir fou en tournoyant au son d’une palanquée de titres sans arbitre. Nourries aux sonorités fun, fortes de reflets dansants qui génèrent l’encensement. Au bout de 2 morceaux, seulement, on est pris dans la tornade. Le vent est hip-hop, l’averse rock (Binic or Deauville, j’aurais bien vite choisi tiens!). Binic, Deauville, Binic, Deauville, Binic…DEVIL! C’est la fête, mets ta casquette et apprête toi à valser du fessier. Come on garçons, let’s festoyer with les guys from the ville of Rennes.
Les gaillards, en plus de ça, ne font pas que dans l’exubérance; End of de l’été, essai plus délié, s’incruste avec succès dans le record. Puis Boyzzz, après une intro prolongée, joue sur les ambiances avant de se mettre à galoper. Les voix font des manières, sortent du cadre. On place un break cool, et puis on repart dare-dare. On pensera à nouveau, sur ce Seulement in it, à Stupéflip, à Sleaford Mods pour le déblatérage, et bien sûr aux Beastie Boys pour l’assemblage stylistique. Mais le constat, déjà naissant sur l’effort précédent, s’impose; Man Foo tits a su créer, et développer avec maestria, son approche à lui. Elle est maintenant fondée. Alors pour la peine, ils t’emmènent sur leur meule, au son de leur Mototune génial. Dont les sons en spirales, tournoyants, un peu cold, relèvent d’une foutue imagination. Le voyage est risqué, ils aiment bien faire les quéqués. Avec un engin pareil pas de soucis, il doit être tellement trafiqué qu’au con du bois, la maréchaussée mettra fin à l’embardée. Mais on se sera bien marré.
Golden bootzzz, reggae déviant/syncopé, étend encore le contenu. Hip-hop et électro aux bruits en pluie cohabitent, ritournelles de synthés guillerettes et langue savante (le dico est pour bientôt; ça tombe bien, j’y entrave parfois rien) font sensation. Man Foo tits n’a pas glandé ces derniers temps; il a worked very dur, du coup il nous refile là le fruit de son très tiring boulot.
Celui-ci est juteux, Planet camping car (meule, camping-car, décidément ces mecs sont des nantis..) la joue jazzy en son début, narre les joies de la route et met en évidence un autre point à relever; la haute musicalité de l’ensemble, truffé de bonnes idées et entièrement pertinent dans son collage, improbable à la base, de genres qui auraient pu aller au clash. Ils y vont, certes, mais à la fin ils s’embra(s)sent. Be news rocke comme il se doit, mélodieux dans son mordant. Dans les sons, on ne sait plus, finalement, si le bazar est rock, rap ou électro. Les 2 acolytes triturent ça comme un ado son stylo devant l’épreuve de philo mais 4 heures après, ils te rendent une copie impeccable. What a shit! Le dark Français, presque psych-pop, à force de répétition et de sons perchés, squatte les cervelles. La story de ce big malheur, où siègent des notes bluesy, schlingue lui aussi le savoir-faire. Puis il vire en rock acidulé qu’on s’empressera d’aduler. Ah, on y trouve aussi de la boucle devant laquelle on la boucle, des effluves dépaysantes et jamais bien-pensantes. Ca dure 13 morceaux en tout, cette chouille où on dérouille. A l’issue, t’es tout sauf déçu. Et puis tu sues, because tu as danced tout le long.
Avant la douche, pour les moins crapés, Simple app vrille en mode synth-rock. Les chants, on n’en parle pas; à aucun moment ils n’épousent la norme. C’est énorme. Tout ça est exprimé avec un accent Anglais parfait, quelque part entre Oslo et Bucarest. MFT party’s over et pourtant, les invités continuent à tournoyer, canette à la main. On reviendra peut-être dans quelques years, tiens tiens on place, avec classe quoique brièvement, des vocaux à la Bikini Machine dans ce fatras pétri d’allégresse. Man Foo Tits n’a pas d’égal et son Seulement in it (bon ok, c’était pas for le fric, t’façon y mentent tout l’temps et puis avec leur langage de fouteurs de merde talentueux, ils nous mettent dedans), jubilatoire, m’incite à leur adresser un conseil qui, en toute modestie, devra être appliqué; faites-le connaître, les boys! C’est assurément l’une des sorties les plus probantes de cette période singulière, à laquelle il met un coup de bote dans le ass de par ses élans fréquemment enflammés et galvanisants.