« Independant duo » from Paris, neumodel a sorti 4 ep, dont j’avoue tout ignorer, pour en arriver en cette mi-avril à un debut album nommé Rock. Il y revient à la guitare, exit les claviers et autres samples. Ayant grandi au son de Slipknot, Korn ou encore Marylin Manson, il rend hommage à la mouvance de ces « monstres » et pourtant son Rock, empreint d’électro tout en faisant honneur à son patronyme, sonne plutôt personnel. Midnight in Paris, cloches lugubres en amorce, résonne idéalement: groove de l’électro, puissance d’un rock qui gronde permettent, sur à peine plus de 2 minutes, de dévoiler une partie des aptitudes de neumodel. Notons, pour en revenir à Rock, que celui-ci fonctionne par paires de morceaux; Introx est son axe de symétrie, placé au mitan. Midnight in Paris – 713705 évoquent la violence. HAYAH – Black Bloc: le YIN-YANG. Runaway – FASTER: l’Amour. Quant à THEY ENVY US, le bonus-track, il illustre le pied de nez du duo à la mode (musicale): à l’ère des artistes numériques et Instagram, neumodel propose un pur guitare – basse – batterie – voix que l’on pourrait résumer de la manière qui suit: We don’t hear a word they said, neumodel let the guitar play. Ca singularise bien évidemment le projet qui avec Hayah (ft. Kiddy Smile), en groovant façon TV on the Radio, poursuit son avancée, pertinente. On retrouve des traits rock aux sons imaginatifs, entre le bourru et des voix dont percent des effluves presque soul. Le dosage est bon, on tombe ensuite sur un Runaway (ft. Kelechi) dont la basse fera remuer les bassins jusqu’au petit matin.
A la croisée de plusieurs castes, de différents chemins sonores, neumodel s’en tire adroitement. IntroX assure la transition, paisible. Céleste, il explore les cieux puis Faster (ft AKA George), excellent, un brin souterrain, alerte aussi, joue la carte d’un électro rock, au chant pur et sensible, qui lui réussit fort bien. Les sons de la basse m’évoquent Slove sur son plus que bon Le danse. Alors on danse, bien entendu. Le léger mordant des guitares ajoute à la séduction du morceau. On s’y laisse prendre sans s’opposer, Rock renvoyant suffisamment d’accroche et de groove pour nous retenir avec lui. « On fait ce que l’on veut et c’est comme ça », prétend le groupe; on s’en félicitera! En plus de bien faire, il revendique clairement l’indépendance, la liberté stylistique et dans la démarche. A l’heure du formaté tous azimuts, on appréciera. Black block, électro cosmique et sertie de sonorités malignes, amène à hocher la tête en même temps qu’il fait tripper les sens.
Bien conçu bien qu’un peu complexe à retracer dans sa constitution, Rock est un premier long jet qui attisera la curiosité. 713705, riffs détournés bien jouissifs et électro -c’est une constante- un peu à la Nasser en bandoulière, me rappelle aussi The Name, duo amienois, de ma ville donc, qui connut son heure de gloire dans une veine plus directement « club ». Aucun déplaisir ne poindra à l’écoute. Le chant hip-hop de THEY ENVY US, sur lit de pop déliée, amène une autre touche. Ca pourrait dénoter, pourtant ça passe car le morceau, explicit lyrics et déclaration d’indépendance à l’appui, est bon. Des guitares saturées y prennent part, en phase avec l’esprit que développe l’album. « They talk loud but…on les entend pas! ». La formule est géniale, explicite et sans appel. D’autant plus marquante, aussi, de par son langage « Franglais ».
Dans une diversité qui tient debout, en recourant à des ingrédients qu’on pourrait croire incompatibles, les parisiens réussissent dans leur entreprise. On l’aurait même aimé plus long, ce Rock, et doté d’un peu plus de nerf rock. J’entends par là de façon plus marquée encore car il est loin d’en être dénué. Il n’empêche, c’est du bon que les deux comparses nous livrent là, individuel dans le son comme dans l’approche qui est la sienne. Il ne reste alors plus qu’à propager ces titres, tous notables, dans les salles et boutiques de France et pourquoi pas d’ailleurs, eu égard au potentiel conséquent affiché ici.