Combo « psychique » de San Diego, Psychic Graveyard est hébergé chez Skin Graft Records. Ca la distingue déjà et surtout, ça nous assure une certaine déviance, un certain sens de l’excès et du son encanaillé. Il s’est déjà fendu, par exemple, d’un Loud as laughter qui vaut le détour (mai 2019), a collaboré avant cela avec Liars ou encore MSTRKRFT. Ouvert d’esprit donc, le trio où siègent Eric Paul – Vocals, Paul Vieira – Guitars et Nathan Joyner – Synthesizer, aidés sur l’ep par Seth Manchester aux « shakers » sur Graveyard Breath, délivre un post-punk grésillant, à la The Fall parfois (le chant déblatère un peu, en tous les cas, à la façon d’un Mark E.Smith), que l’éponyme The next world lance parfaitement. Attention, l’univers du combo n’est pas fait pour les bisounours; c’est du brut, qui fuse et produit un beau boucan. Guitares et synthés dérapent, le rythme se veut mécanique, entêtant. 19th circuit confirme, plus posé mais tout aussi dérangé; on ne fait pas dans la révérence, le constat est clair et net. Le discours est tourmenté, ici la trame est d’obédience aérienne, largement obsédante. Il en ressort une sensation de vice, de malaise, que Is this the body? entérine.
Leste, le morceau laisse filtrer une électro-indus répétitive, bardée de sons tantôt lourds, massifs, tantôt brefs et loufoques. Psychic Graveyard maîtrise et se maîtrise, on le sent toutefois enclin à emprunter des voies -et voix- détournées. Ca lui sied à merveille. C’est bien ce que nous dit le pénétrant We Think There’s A Chemical, sur lequel les machines lancent des bruits fous. Hypnotique et appuyé, voilà un quatrième titre lui aussi recommandable. J’apprends au passage que Psychic Graveyard est devenu quatuor, je me perds un peu dans sa constitution mais qu’importe; c’est le rendu qui compte et sur ce point, on en prend pour notre grade. The newt world EP, s’il laisse augurer du monde à venir, le laisse transparaître sous un jour gris, âpre. Il le présente sans détours.
Eric Paul et consorts, au mitan de genres divers, trouvent une posture. La leur. Graveyard breath, à l’issue d’un EP qu’on n’a pas vu passer, crache sa bile. Engins loquaces et voix psychotique, traces soniques et motifs tarés font la différence. Dans une folie qu’on accueillera avec plaisir, en phase ou plutôt dans l’opposition avec la laideur de l’époque acutelle, le clan signe un bon EP, expédié avec prestance. De quoi s’intéresser plus largement à que la clique a pu produire précédemment, mais aussi au large catalogue Skin Graft. On y trouvera, assurément, tout ce qu’il faut pour évacuer et satisfaire notre appétit sonore.