Expérimenté (il a derrière lui 1 démo 10 titres, 1 EP, 1 45 tours et un premier album nommé Rokh, sorti en 2017, plus de 550 concerts donnés aussi), reconnu un peu partout autour de lui, le power-trio bordelais Dätcha Mandala sort Hara, nouvel album taillé, à l’instar de celui de leurs voisins Blackbird Hill, dans un rock vrai. Un rock large, aussi, Zeppelinien comme il peut flirter avec Queen dans ses mélopées élaborées (Morning song), ou encore gicler en mode 90’s, proposant une ouverture bourrue sous la forme de ce Stick it out couillu. Réunis pour la cause du son sans artifices, enregistré qui plus est, pour le coup, au Black Box d’Angers et avec Clive Martin, Nicolas Sauvey (Lead Vocal/Bass/Acoustic guitar/Harmonica), Jérémy Saigne (Lead Guitar and Vocals) et Jb Mallet (Drums and Vocals) s’en tirent avec les honneurs. De chants associés sur trame blues rocailleuse (Mother good) en morceaux à la voix façon Robert Plant (Who you are), sans rien chambouler, ils font péter des mélodies juteuses et, souvent, rugir les cordes. De guitare, pas de harpe. Ils sont dans le vrai, potards dans le rouge, de la caste rock. Ici, un harmonica vient napper avantageusement le tout (Who you are, encore).
Quelques foulées plus loin, il resurgit et introduit le bien nommé Missing blues. Un blues des origines dopé au son d’aujourd’hui, cadencé, sans défauts. Dätcha Mandala fait le boulot en pro, en passionné. Le registre n’est pas fermé; au contraire, il ne rechigne pas à intégrer diverses tendances. Quand il bouillonne dans la feutrine (Sick machine), le groupe ressort gagnant, à nouveau, des débats. Les morceaux accomplis sont légion. Leur son adapté, en adéquation avec la recherche constante de vérité menée par ces 3 là. Peaufiné, Hara sent le naturel, le boisé, l’électrifié aussi. On y joue bien, on y évite de trop en dire. De fait l’essentiel est assuré, on peut s’autoriser un trip folk aux traits tribaux légèrement mystiques (Moha): la chanson en question n’écorne pas l’album, à la posture assurée.
Dans l’élan, Eht bup convoque l’électricité, nerveuse, qu’il confronte à une voix plus « aérienne », affirmée cependant. On remarque à ce sujet l’impact des vocaux unis, sur ce morceau comme ailleurs. Preuve que le groupe, soudé, opère dans l’unité. Le seul bémol tiendra dans le fait que comme nombre d’autres formations, la fin du disque, si elle demeure inspirée, fait tomber l’intensité. Tit’s est bon et beau, léger, mais se pare d’envolées brèves et rudes. Belle idée. On the road livre un blues « folky » subtil et alerte, joliment joué. On ne contestera pas, ça serait malvenu, les bonnes initiatives et la maîtrise de ce Dätcha Mandala aux fournées aptes à tutoyer les grands. Je parlais presque de « relâchement », j’avais en fait tort; Pavot, puissant, court comme un dératé. Rock’n’roll…et puis c’est tout.
La terminaison est parfaite, elle permet aux 3 acolytes de finir en trombe. Ils ont le vent en poupe, ça s’entend et les ultimes attaques de rythmique/guitares de ce dernier jet, ébouriffant, lâchent des salves psyché bien disséminées dans le frontal du morceau. Celui-ci reprend ensuite le dessus, Dätcha Mandala finit le boulot de manière sauvage et appuyée. Le tour est joué, l’affaire pliée. Hara, affublé de plus d’une bien belle pochette, sera pour ses créateurs un nouvel atout de poids, que le trio défendra à n’en pas douter avec prestance sur les planches. Notez bien que la sortie est finalement prévue le 5 juin au lieu du 24 avril prévu à la base, circonstances obligent. J’ai tout de même écrit, l’album le valait. Et puis, information d’importance, la préco est de toute façon lancée. A vos billets messieurs-dames!