Sunwatchers? Oh yeah? Oh yes!!!, dirai-je même en dévoilant ce surprenant clan! Le quatuor constitué de Peter Kerlin (bass guitar, 8-string bass guitar), Jim McHugh (guitars / electric phin), Jason Robira (drums) et Jeff Tobias (alto saxophone, keyboards, whistling) arrive avec ce disque à son quatrième effort, présenté comme étant le plus accessible de tous. Je n’en sais fichtrement rien, je les découvre. Mais les 4 fauteurs de trouble, dès Sunwatchers vs. Tooth Decay qui ouvre les festivités cuivrées, pulsent dans tous les coins. Le tempo est relevé, ça fait un bruit qui très vite s’en tire à son avantage. C’est de plus singulier, quelque part entre le free-jazz et le rock, ou l’inverse. Avec des encarts jazz mais jamais de manière convenue. On aime, ici, cogner et tirer à vue. On le fait avec panache, selon une vigueur, sur ce morceau de départ, d’obédience punk. On trouve les sons qui vont bien, on opère dans une douce folie mise au service de l’ensemble.
Celui-ci en tire tout le bénéfice, il baisse d’un ton -rythmiquement- avec Love paste et ses « Woouuh! », plus posé. Qui, de façon surprenante, flirte avec la norme. Sans, toutefois, en épouser les contours; il est clair que Sunwatchers, de façon audible, met un point d’honneur à serpenter, à ne pas faire dans la convenance. Le titre d’après, Brown ice, prend des airs de l’Est. Il change de direction, nous perd dans ses méandres et nous gagne dans le même mouvement. Un tantinet exotique, le son dépayse. Comme chez The Ex, on groove et on grince jusqu’à aborder des territoires inconnus, escarpés, frappés du cachet de la nouveauté.
Ainsi Thee worm store, bruitiste, mêle t-il hardcore et déjante du sax, au son magique du luth électrique qui lui sert de compagnon de dé-route. Rythmique marathonienne, guitares lance-flammes, aux sons neufs, participent à cette savante embardée direction le décor. Le van rebondit, il regagne la route quand sonne The conch.
C’est le fatras sonore, néanmoins. Jouissif. Psyché et festif de par ses airs cuivrés, qui incitent à tournoyer. Sunwatchers, combo décalé, nous gâte. Pour qui aime l’errance musicale géniale, c’est dans ce disque qu’il faut investir. Nul regret à l’écoute; Oh yeah? ne procure que des sensations dont on peine à se déparer. Ses pères, jusqu’alors fiables, osent même pour finir une pièce de 20 minutes, répétitive, à laquelle ils donnent le nom de The Earthsized Thumb. On y est hypnotisé, après plusieurs minutes de réitération Sunwatchers s’embarque, en louvoyant, dans des contrées célestes troublées. Entre calme apparent et instruments qui font monter la fièvre, la charrette est pleine. La fin de la dite plage, tumultueuse, cogne et dégage des airs futuristes.
Dans l’essai permanent donc, suivant une ligne directrice qu’il a lui-même conçue, Sunwatchers ose le différent. Il peint ses propres toiles, pour cela il use de couleurs vives et expressives et de méthodes qui ne doivent rien à qui que ce soit d’autre. Improvisant, et visant, juste, il a le mérite de dévier avec, au bout du compte et régulièrement, d’éclatantes réussites au bout de ses notes.