7éme album du producteur « from the UK » Stumbleine, Sink into the ether parle déjà de par son titre, qui résume à merveille le contenu de ses plages. On est en effet plongé, d’emblée, dans un bain d’éther céleste à souhait, que des soubresauts agitent parfois, le faisant « gronder » gentiment (Malibu (ft Elizabeth Heaton). Venu de la scène électronique, l’Anglais place une voix songeuse (Tidepool), des rythmes lascifs qui plongent leur homme dans la torpeur, et installe une électro suave, calmante et délicieusement soporifique. Il faut pourtant l’écouter à volume élevé, ce disque, afin d’en faire ressortir tous les détails, d’en extraire toute la teneur. Sonder amorce la rêverie, trip-hop langoureux aux effluves psyché de par leur déploiement lent. Aloof est dans la même lignée, animé lui aussi par une cadence saccadée, presque effacée. L’album est fait de rien; ses ingrédients sont mesurés, il fait sensation et hypnotise dans l’économie totale de surenchère. Ainsi My head hurts, brumeux, poursuit-il le voyage, le rêve éveillé, en usant de sons épars que de ce fait, on prend d’autant plus en compte.
Sink into the ether est de ces albums qui, à la limite de l’ennuyeux à la première écoute, ont comme atout leur capacité à emprisonner l’auditeur, à le retenir dans une ouate avenante qui l’extrait de ses pensées et en allège le fardeau. C’est un peu une sieste sonore, ceci étant d’ailleurs de plus en plus prégnant dans le monde musical. On s’abandonne. Lost to the world, en ce sens, est assez explicite.
Réparateur, l’abandon s’étend sur Words Fail Me et sans faire de jeu…de mots, nul besoin d’en dire plus; si les mots manquent, le son parle, tend ses notes presque dream-pop à celui qui éprouvera le besoin de s’oublier. Supermodels, un poil plus remuant, l’y aidera en se faisant toutefois plus « bruyant », si l’on peut dire. L’initiative est louable, ça donne du nerf et du sens à un opus qui à mon sens, s’il s’était montré uniforme, aurait eu une portée moindre. Ses motifs, en tous les cas, sont constamment plaisants, ses voix éthérées font se clore les yeux. White Noise Therapy, qu’on aurait pu croire insoumis au vu de son appellation, ne fait pas dans l’offensif. Tout est fait, ici, pour générer l’apaisement.
Celui-ci trouve bientôt, cependant, son terme. Il faudra redescendre, Your Angel Was A Fake amorce la retombée tout en aménité. On est tout de même et encore pour le coup, quand bien même Sink into the ether prend fin, sur des sphères haut perchées. Enfin Disintegrate Together nous dépose et nous fait atterrir, encore ensommeillés, sur des sonorités dream inchangées, répétées, qu’une voix venue d’on ne sait où accompagne sur la fin. Le réveil total attendra, on profitera un petit moment encore des effets bénéfiques de la cuvée opiacée signée Stumbleine.