Oh yes, un disque Freaksville! Telle est ma réaction, de façon fréquente, quand je reçois un album de ladite structure belge, généreuse en clans et rondelles authentiques. C’est donc le cas avec Benjamin Schoos, qui en arrive avec Doubt in my heart à son 4ème effort sous son propre nom. Ecrit lors d’une passe délicate, l’objet fait…l’objet de multiples collaborations dont celle, à 3 reprises et donc proéminente, de Marker Sterling, rencontré par le biais de Laëtitia Sadier. Il s’agit d’un disque intime et intimiste bien qu’enfanté collectivement, via le net et uniquement par ce biais, les artistes sollicités ne s’étant pas rencontrés dans le cadre de son élaboration. A première écoute, voire lors de la seconde, je l’ai trouvé trop doux, trop poli. Mais ce matin, il me murmure à l’oreille, me rassure. Il me fait du bien. Sa paisibilité, sa tranquillité et l’impression de sérénité retrouvée qui en émane « remettent la cabane au milieu du jardin » sur le plan mental.
On se laisse gagner par les mélodies, pop, psyché dans la feutrine, parfois sobrement électro, que dévoile dans un premier temps Traces Of Our Thoughts. Feat. Marker Starling. Chant sensible, décor réduit à sa plus simple expression ou presque, beau et animé, délicat, bercent l’auditeur. Shoes. Feat. Nicholas Krgovich suit sur un timbre un peu plus grave, on note d’emblée l’apport évident des vocaux et invités. En parfaisant les plages de l’opus, ils en accentuent aussi le côté délié. De fait, à l’écoute, on se délie. On trouve l’apaisement, une forme de paix intérieure en réponse, à l’instar de ce qu’a vécu Schoos, à nos tourments. C’est déjà beaucoup, c’est aussi le pouvoir du son, de ces albums ouvragés et « thérapeutiques » que parfois on croise et qui nous pansent. Baby I’m In Love. Feat. Drew Smith (from Bunny), aérien, gentiment piquant, souffle une brise revigorante.
Le ton est donné; mélancolie sans ennui, ouvrages ouverts. A l’autre, aux autres. All Night Every Night. Feat Dent May ne s’écarte pas du chemin tracé; psychédélisme ouaté, enjoué, parfois voire souvent, dans le désenchantement qu’il véhicule. Melody Souvenir. Feat. Alex Gavaghan suit, Schoos assure le jeu de tous les instruments pour laisser ses « guests » enjoliver Doubt in my heart. Le…doute n’est pas permis; le liegeois, en optant pour la travail commun, gagne du galon et évolue dans la continuité, sans écorner l’esprit qui l’anime depuis belle lurette.
Avec lui on s’envole, on quitte presque une terre inhospitalière (Doubt In My Heart Feat. Marker Starling). L’effet, bien que momentané, vaut son pesant de monnaie. On est de plus, sur Doubt in my heart, dans une cohérence artistique affirmée. N’en attendez pas qu’il rugisse, qu’il s’insoumette; c’est un disque léger, destiné à générer…de la légèreté. Dans les coeurs, dans les corps. Léger dans le son, jamais sur le plan qualitatif. Power To Amaze. Feat. Robert Sotelo, psych-pop joyeuse, amorce lui aussi le décollage. Vers les cieux, vers le mieux. Un brin plus « offensif » que le reste, il fera dansoter son monde. En douceur et dans une douce torpeur qui repousse la peur.
Rasséréné, on termine l’écoute, d’abord, au son de Catching In Passing Feat. Marker Starling. Subtiles voix, sons charmeurs, cadence indolente font le boulot, s’unissent joliment. Enfin, I’m Disappearing (Syd). Feat. Future Children, 9ème et dernière pièce du puzzle émotionnel de Benjamin Schoos, laisse filtrer ses rayons sunshine, en conclusion d’une ébauche dotée de vertus apaisantes mises en son avec joliesse.