Unspkble est un quatuor monpellierain fondé, tenez-vous bien, par Greg Réju, boss de Rejuvenation Records et musicien dans Ultracoït, originellement en solo. Celui-ci s’est ensuite entouré d’une clique d’aguerris dont les noms suivent: DION LAX : The voice; GOM PILOTE : Guitar et SEB DODUS: live drums. Joséphine Galibert gérant le son live de la troupe alors que le Greg en question (que je remercie à nouveau pour la pile de vinyles « made in Reju » envoyée il y a 10 ans, superbe colis!) officie pour sa part aux Bass, Drums, Keyboard et Backing Vocals. Sur ces entrefaites un EP est sorti, appelé Friction. Il fait dans le post-punk, sent le DIY à plein nez -les mecs sont des irréductibles-, le Killing Joke des débuts (Resurrect); logique, c’est du 80’s complètement maîtrisé, servi avec le doigté de ceux qui savent et depuis longtemps peaufinent un son sans concessions.
Enregistré au « Reju’s Basement », l’opus percute déjà sur Irreversible, un peu death-rock, très alerte, post-punk et riffeur. Une première vague typée et racée, en phase avec l’ère de prédilection du gang sudiste (géographiquement évidemment). A la croisée de ses sources, Unspkble en maîtrise l’apport, les malaxe tel un vieux briscard et en restitue l’essence. Non content d’une entrée en matière qui pourrait lui permettre de faire le fier, il groove derechef quand arrive Questioning collapse. Un tir moins nourri, aussi impactant, où se disputent classe et venin. On sait faire, vous disais-je, et on fait de plus dans le vrai. La basse fait onduler le bassin, mariée à la batterie; les guitares saupoudrent leur acide, le chant y va de son éclat ombragé. De tout ça émane un effort estimable.
Sur Where all hope dies, on fait parle le clavier. Celui-ci y va de ses nappes discrètes, des guitares bourrues le relaient. Je pense encore au combo de Jaz Coleman, époque Fire dances et si je l’évoque c’est bien parce l’EP d’ Unspkble, de par ses compositions, en tutoie la portée. Le Resurrect dont je vous parle plus haut arrive, inutile de vous dire qu’il n’entache pas le tableau. Les bonshommes réunis ici ne sont pourtant pas des peintres; on les qualifiera plutôt d’artisans du son, élevés à la passion et avançant à la force du poignet, en indés convertis aux travaux inébranlables. Leur parcours les honore et ils y adjoignent là un jalon auquel on fera halte. False icon confirme d’ailleurs dans la foulée, fonceur et apache. Sa vigueur est punk, ses traits post-punk et on notera que de l’ouvrage général ressortent de légères touches gothiques. Sans fard pourtant, Unspkble impose sa vérité. Dans le son, dans l’attitude également.
A l’issue de Friction, et à force de…frictions bien senties, Mesmerized pose ses soubresauts, sa rage vocale et son piment instrumental. Grattes vrillées, lancinance viciée à la PIL dans certains recoins; l’audition du disque ne fait ressortir que du solide, de l’ancré, et fait émerger l’envie que ce groupe dure et perdure. Ca ne serait que bénéfique, et ça crédibiliserait d’autant plus la scène hexagonale. Soulignons pour finir le fait que l’objet, magnifique en vinyl, sort chez 2 structures associées, en toute logique, pour sa parution; REJUVENATION RECORDS & KERVINIOU RECORDZ. Indé, faut-il encore le rappeler, et indé-niablement fiable.