Nouveau groupe de l’ex-PAW et vénéré Mark Hennessy, Godzillionaire sort avec ce Negative balance son nouvel opus, et pas des moindres. Bien entouré, l’homme à la voix intacte depuis le fabuleux Dragline de son combo d’origine s’y adonne, avec de fiables acolytes, à un rock qui flirte avec les 90’s. Tantôt fervent et enragé, riffeur et remonté, parfois mélancolique, ou les 2 réunis sur un seul et même morceau (Symphony for Reciprocating Engines (Love Theme from « Negative Balance », qui nous réjouit sur plus de 7 minutes), le disque ne recense en effet que du relevé. Phone Call Intro: Departure + Exit the Succubus/Bankrupt, Naked, & Void a pour mission de sonner la charge; il monte superbement en puissance, un brin psyché, atmosphérique mais cadencé. Henessy y fait merveille, des choeurs enjôleurs lui répondent. Ca explose, le feu grungy-métal, ou heavy rock, envahit les alentours. Premier tir nourri, suivi d’une livrée leste, qui m’évoque Soundgarden, avec The Solution Is Laughable. Chants une fois encore frappants, son lourd et massif et attaque instrumentale bourrue font du dit titre un second jet abouti. Ballad of the Topeka Gentleman se pose alors en standard en phase, à l’instar du reste, avec les 90’s. Chez Godzillionaire, on charge avec l’assurance de ceux qui ont de la route, on met du torturé dans l’ouvrage, on retient puis on lâche la bride. Ca donne de belles fulgurances, des plages accomplies et qui s’enchaînent sans provoquer le décrochage. Ghost déroule d’ailleurs en affichant cette sûreté, ce petit plus mélodique, aussi, de nature à créditer plus encore ce Negative balance qui penche pour sa part du côté du positif. On n’en attendait pas moins mais force est de le constater; Hennessy, dans tout ce qu’il entreprend, est à son avantage.
Derrière, les complices ferraillent juste. La puissance d’ Emergency Weather Update + Never Say Goodbye as a Warning, ses guitares massives, ne me contrediront pas. Les fondations tiennent; on peut taper sur les murs, la baraque est en place. Des envoles brèves mais pertinentes prennent place. Avec Smoke on est presque, même, dans un registre pop. Sensible, doucereux mais alerte, et bien serti. Le malin s’évertuera à guetter le faux-pas. Il s’y fatiguera, il n’y a rien ici qui puisse être rejeté.
The Song that Left Town & Didn’t Leave a Note, mordant, entre grunge et rock teigneux, pose le pied sur le barreau du haut. Godzillionaire joue de plus bien, développe des idées décisives, simples et d’un apport audible. Il a de plus la bonté de mettre l’album en disposition, dans son intégralité, sur sa chaîne Youtube, ce qui m’offre la possibilité d’en vanter aujourd’hui les nombreux mérites. Ceux-ci trouvant en The Song that Left Town & Didn’t Leave a Note, direct et sans bifurcations, une pierre bien cimentée de plus. Comme dit plus haut, c’est du solide que bâtissent Mark Hennessy (words/dreams/wails/hot croons, dye), Michael Dye (bass/lo synth/smooth coos), Cody Romaine (drums/percussums/fiery howls), et Ben White (guitar/keys/orchestrizals/warm yodels). A 4 et en rangs serrés, les mecs du Kansas ne sont jamais à la ramasse. Ils disposent en outre de compositions lestes, riches en riffs de choc, et ont le bon goût d’inclure dans leur Negative balance une louchée de titres plus enlevés.
Curley’s Wife (OK the Scene is Set), sur la fin et après que notre appétit se soit amplement satisfait, le prouve. Entre « lestitude », donc, et chaos tenu, songerie de la voix, incrustes soyeuses, il prend même des atours psyché. L’heure des adieux est arrivée, mais la séparation -très temporaires- se fait au son d’un 64 Palms (Brace for Impact) + Exit Aisle Reprise aux premiers instants chatoyants. Soudainement, on explose et passé l’embardée, on est dans un splendide mid-tempo mi-doux/mi-rageur. C’est un piano lyrique qui met définitivement fin à l’affaire, rondement expédiée. Godzillionaire sort un disque largement à la hauteur d’espérances forcément élevées, estimable quelle qu’en soit la teneur.