Après un Low tide très racé (octobre 2019), le Somehow d’Erwann Pépiot voit celui-ci officier cette fois seul, sur ce Live at la Clef datant du 20 décembre 2019. Seul, oui, mais avec de belles armes musicales: sa voix au « foutu » relief, atout de taille, et son jeu de guitare qui a le mérite, ici, de se faire vif et ardent. Si on y adjoint une fervente émotion, une propension à s’emballer joliment, on touche forcément à quelque chose de marquant. Mister Pépiot aime la débrouille, le DIY. Il en ressort une vérité qui transpire sur chaque titre joué. Sa musique, une musique de partage, de proximité, remplit l’espace. There’s a riot coming, admirable d’intensité, trouve logiquement droit de cité. Les penchants sombres de Somehow n’ont pas disparu; intacts, ils ont cette fois pour écrin un chant « croonerisant » ombragé du plus bel effet et un instrument qui suinte la vie. C’est aussi beau qu’emporté, c’est du ressenti qui bien vite se communique. Le timbre grave de Shut your eyes and see, ses choeurs fins, font merveille. On pense une nouvelle fois, sur Escape, à Morrissey. Les notes et accords font la course, ralentissent dans les courbes et renvoient une magnifique rage. Il en va de même du chant, jamais très posé, toujours un peu « survolté » dans ses atours feutrés. Ainsi Someday, après une amorce douce, s’exalte. Mazette, le chant de Modern life m’évoque Wovenhand. Celui du Live at Roepaen. Les « Hey, ho! » du morceau ne rappelleront pas forcément les Ramones et leur Blitzkrieg bop, mais ils portent et embellissent une chanson déjà, à l’origine, splendide. Low tide est plébiscité, ses plages revêtent là une mouture inédite, bluffante.
Invisible walls, sensible, se pare de la griffure d’une guitare qui, après avoir caressé la foule, joue avec vivacité. Il y a dans l’attaque une certaine rudesse qu’accompagne la soie, en contrepoint parfaitement tenu. Les habitués de la Clef, à Saint Germain en Laye, ont très certainement, pour le coup, vécu un moment privilégié.
Meet me at the western point, basé sur cette même ambivalence enchanteresse un peu tigresse, ne laissera pas l’assistance, lui non plus, de marbre. Pépiot breake élégamment, la voix prend les commandes. Son ampleur est impressionnante. Notre homme ne perd pas le Nord, son live touche à sa fin et il en profite pour rappeler qu’il y a ici du bon son à refourguer. On lui souhaite une pluie d’achats et lui, de son côté, nous réjouit de son Over the raindrops obscur. Minutes, hours, days!, clame t-il. Avec lui le temps passe vite, sûrement trop au goût de son public du jour. Il est gâté, une dernière fois, avec Follow. Courte et enflammée, la chanson met donc un terme à ce live de toute beauté, au nerf palpable, tout en passion et vérité.