Mexicain, Werner Karloff pratique une musique influencée, prioritairement, par la scène allemande des 80’s. Après plusieurs sorties significatives sur un label de Munich, le brillant et intègre Young and Cold Records, il nous offre une poignée d’inédits sur ce recueil intitulé Unreleased tracks 2014-2019. On ne peut plus parlant, le son qu’il délivre l’est autant et navigue entre synth-wave et cold-wave pour le bonheur des amoureux des dits genres. On n’a qu’à se laisser porter, claviers froids et/ou enjoués (Our history without us (Vocoder version) 2017)), voix vocodée ou naturelle, sortie de la pénombre évidemment, assurent le trip sans rémission possible. Trees in the dark, au nom parlant, évoquerait presque le The Cure des débuts…en son début, assez brièvement. Mais le ressortissant de Mexico évolue sur son propre terrain et ne doit rien à personne, si ce n’est à la mouvance citée plus haut. Schicksal-2019, l’un des morceaux les plus récents donc, me fait toutefois penser à John Maus. Sur ses trames simples, Werner Karloff en est quasiment au même niveau, en arrive à une accroche similaire. Computers-2017, spirales des machines joueuses en avant, valide ce qui vaut, en fait, bien plus que de simples « unreleased ». Industrial state-2017 fait de même et prouve qu’avec une douce folie, en évitant de « charger la charrette » et en s’entourant de sons à retenir, on peut faire de belles choses. Tout ça sans moyens grandioses.
Achtung (vocoder version)-2018 illustre bien mes dires: vif et entêtant, il se passe de toute démonstration. Dans la démarche, c’est punk et dans le rendu, c’est tout bon. C’est de plus très bref, ce qui évite à l’auditeur de fuir le bazar.
WK, dirons certains; n’invente rien. Certes, mais il assure un recueil qui plait, qu’on a envie de rejouer ensuite. C’est déjà beaucoup et puis visiblement, il a bon goût. Maison de disques, sources d’inspiration, esprit, aussi, très DIY; on ne peut pas dire que l’homme « de la ciudad de Mexico » soit déficient sur ce plan. Mexiko Stadt-2018, d’ailleurs, l’honore et fait croître notre estime pour son effort. L’usage de sa langue natale est de plus original, il amène presque un exotisme « réfrigéré » aux titres présentés ici. Werner Karloff, homme estimable, ne dépareillerait pas, tout comme il trouve sa juste place chez Young and Cold, sur certaines structures « underground » de notre pays.
Avec Start-end-2014, il nous fait un ultime plaisir. La recette est inchangée, il ne manquerait plus que le gaillard se mette à danser la lambada. Sûrement pas! Ca lui ferait fréquenter les plages, dégueulasses, du mainstream. En lieu et place, on a droit à une belle offrande, dont on soulignera qu’elle n’est pas le seul fait de choix du monsieur. Ses ouvrages chez Young and Cold, remarquables, appelant eux aussi à de nombreuses écoutes.