Quatuor grec, Electric Feat est en effet électrique; ses volts en font un sacré « band » psych/heavy-rock aux accents 70’s relevés, qui sur ce disque éponyme enfile plusieurs tenues. S’il peut se faire bluesy pour ensuite gronder, et ce avec classe (Song of disobedience), il débute en mode rock’n’roll-blues échevelé (It’s alright (with you)) et fait de suite ses preuves. Dionysis Nanos, Themos Ragousis, Georgios Dimakis et Kostas Stergiou, les quatre helléniques mobilisés pour la cause du son, lui font honneur. Ils approchent même, avec autant de mérite, les terres fusion en unissant blues, rock et pulsions funky (Lizard queen). En remettant au goût du jour des penchants nés d’une décennie révolue, Electric Feat trousse un superbe opus, où rage et bonnes idées, pureté (l’amorce de Song of disobedience) et morsures rock jalonnent le parcours. The Caveman, en vidéo (originale) ci-dessous, prenant lui un virage bluesy dans un premier temps tranquille. Il ne le reste pas bien longtemps; rythme et voix s’épaississent, partis dans une galopade où il est bon de les suivre. Leather jacket se présentant ensuite en essai 70’s fort de ce même équilibre entre rudesse et velours du chant. Notons bien que le groupe est signé chez Inner Ear Records et que par conséquent, l’auditeur à de ce fait toutes les chances d’être, au final, comblé. D’autant qu’Electric Feat, sur ce titre, l’emmène une fois de plus dans un voyage soudain, après un break, direction rock en passant par la rivière blues. Ceci dans la vivacité, en jouant de plus fort bien.
A sa suite Subatomic plane, riffs métal dans le manche, balance son heavy-rock de caractère. Il ondule, la basse-batterie le fait tanguer. Pas de plantage ici, on emprunte un sentier pour lequel on est taillé. Le morceau retombe, presque jazzy. Puis Blackwood secrecy court lui aussi, se rue dans un flux heavy que brusquement, la batterie « tribalise ». Tout est bien imbriqué, la baraque tiendra le choc et passera aisément l’épreuve critique et celle, parfois ardue, du live. Mais Electric Feat a le son, les épaules assez larges pour affronter l’adversité.
Son Son of evil, heavy-blues trempé dans le rock -on en revient, toujours, à ces tendances récurrentes qu’Electric Feat « dompte » parfaitement-, se montre efficace car court et sans détours. Fogdancing est pour sa part rugueux dans ses riffs, se déploie sans hâte. Il dépayse par le recours à des sons inhabituels, et on a droit à l’habituel, lui, galop direct « maison » de fin de course. Un peu comme si Electric feat, dans la compétition, tentait de damer le pion à ses concurrents. Il en détient le pouvoir et le démontre, une dernière fois, avec Bring Something from the Night, clairement 70’s et ficelé avec brio.
Crédible donc, Electric Feat agrandit la famille des combos fiables « made in Inner Ear », dont il étend la palette, et prouve si c’était encore nécessaire que la Grèce fourmille, elle aussi, de groupes sur le cas lesquels on devrait se pencher plus souvent.