Jeune trio berlinois, PAAR (ou P//R) officie dans un courant cold/post-punk dont le chant, c’est déjà un avantage, me rappelle Siouxsie. Die Notwendigkeit der Notwendigkeit est son premier album après notamment un EP sorti en avril 2019, Hone. La trouvaille est bonne: l’opus regorge de titres qu’on garde dans son souk, jamais très loin. Common crimes, enlevé, ouvre la barrière. Guitares dures, chant racé mutin, doucereux sur certains passages, et cadence alerte s’unissent. C’est bien du post-punk cold. Le contraire est tout aussi vrai, on en retient en tout cas une belle accroche. On ne tarde pas à opiner du chef, Beauty needs witness freine, sa basse lourde et bien…cold en épaissit le trait. On se fend d’inclusions presque 80’s dans les synthés, on met la mélodie en avant et on met tout l’monde dans l’vent (Rework). Ce disque au titre imprononçable pour un « french guy » parlera à beaucoup d’entre nous, en revanche, par sa série de compos auxquelles on ne tournera pas l’dos. Profitons-en autant que faire se peut, l’opus présente 8 titres et pas un de plus.
Modern, rafale de guitares bien envoyées, chants unis en surplus (on notera l’apport de l’invité, Grotto Terrazza), fait lui aussi le job. Plus que bien. Il me fait penser à Rendez-Vous, de chez nous, et son Superior state. Pure, basse une fois de plus rondelette couplée à la batterie, métronomique, et à ces guitares décidément acérées, confirme. Le chant, plaisant « tout du long », fait le reste.
Voilà un album qu’on s’envoie en discontinu, qui se relâche fort peu. Eis ne diffère d’ailleurs pas du reste; entraînant, ombrageux, il part lui aussi à l’attaque sans qu’on puisse contrarier ses plans. Je savais qu’à Berlin on était souvent bon; il semblerait que Munich on nous sorte, à l’identique, des groupes de valeur certaine. PAAR en est, il desserre (très) légèrement l’étau sur Lakes et toujours subsiste ce sentiment d’entendre Siouxsie. Vous l’aurez compris, le rapprochement signifie que vocalement, on est dans quelque chose de notable.
Pour finir, Metal prend une tournure saccadée, puis il file droit devant lui. On n’aura pas décroché une seconde; Die Notwendigkeit der Notwendigkeit se tient droit, ne courbe pas l’échine. Régulièrement puissant, il nous sert sur l’ultime titre une décharge de guitares qui appuie efficacement une issue de toute façon bien ficelée. Révélation, au bout de la course, et un sacré bon menu pour tout sympathisant du créneau « coldpostpunk » privilégié par l’effort.