Les revoilà! Oui je m’écrie. Parce que Black Bones et sa pop jubilatoire, portée par des accents indie « amerloques » et avant toute chose par le talent d’Anthonin Ternant, ex Bewitched Hands, c’est l’extase. L’accroche mélodique forte, la fraîcheur des ritournelles, le jus rock bien vitaminé qui coule d’un peu partout, et la jovialité du combo, font qu’on attend toujours avec une réelle impatience toute sortie du joyeux clan, entre autres nombreux projets développés par le gaillard rémois. D’emblée, Love as a child met au premier plan les mélopées, superbes mais ne manquant pas de piquant, de la troupe. Entre beauté pop et guitares qui riffent sans trop rire, on est à nouveau dans un terrain connu et reconnu, qu’on aime tant à investir. La présence de Marianne Mérillon, elle aussi passée par l’époque Bewitched, amenant ce surplus de magnificence vocale qui portera sans nul doute l’effort très haut. Avec un Creepy rain dansable, d’une pop griffue et groovy, cuivrée juste ce qu’il faut, on poursuit l’ascension. Puis on mélange voix démoniaque/voix fine et perlée sur Heart on fire, dont transparaît le climat « horreur et gothisme », mis en son de manière habile et légère, qui contribue à l’identité du groupe. Le tire finit dans une cascade rock hérissée assez magistrale, preuve s’il en est de l’énorme aptitude de Mister Ternant et consorts à arranger leurs compositions. On retrouve ça sur I’m a believer, auquel on croit, d’ailleurs, aussi fermement qu’en tout le reste. Merveille de pop orchestrale, il précède Destiny qui lui, s’amorce folk et fait copuler les voix, encore, pour ensuite s’emballer sur un canevas pop-folk enchanteur. Ca file l’envie de chanter, de s’enjailler comme quand on ressort nos « vieux » Bewitched.
Au mitan de Ghosts & voices, on trouve…Marianne. Le morceau, pas la dame du groupe. Sur un ton à nouveau « orchestral », mais avec de la vie, une prestance vocale euphorisante, qui forcément nous poussent à…pousser le volume. Tant pis si derrière, on nous allume. On a pour nous les « Ouhh, aaahh » du chatoyant Dead skies. Black Bones, c’est de la sucrerie pop faite maison, dont on se goinfrera de toute façon parce qu’elle possède des vertus thérapeutiques. Pour l’homme. Pour tous, par extension.
Avec Monster, on se la joue (modestement évidemment) 60’s dans les ritournelles, on fait le monstre avec la plus grande des bonhomies, on étincèle comme le Supergrass d’I should coco. L’extase, vous disais-je. Une bonne humeur contagieuse, des airs tellement addictifs que sans aucune honte, on se les injecte directement…dans le casque. Un coup de maître, renforcé par ces breaks où la voix de Marianne, pure, nous caresse. Voilà ce qui nous est réservé via Ghosts & voices. Lequel, même quand il se fait posé et exclusivement posé, brille (Suddenly et ses motifs rêveurs). Un enchantement continuel qui, comme toute oeuvre majeure, laisse un souvenir durable une fois son terme atteint.
C’est Beauty, ciselé dans une pop presque disco -quelle merveille, encore!-, qui finit le travail. Ses incrustes sonores géniales en font un must absolu; on termine l’exploration dans un ravissement similaire à celui éprouvé au début de l’écoute. La première d’une série qui s’annonce bien longue, mais aussi et surtout bénéfique à souhait.