Singer-songwriter parisien, leader de The Jack Art Band où son registre est plutôt rock 70’s, Jack Art mène parallèlement un parcours solo, ponctué par The Outsider qui est son premier « bébé »et qui le voit jouer, sur un ton sobre, d’un alliage piano-voix, et /ou guitare-voix, sincère. Sensible aussi (Monday morning NJ), assez subtil, en tous les cas, pour qu’on l’écoute dans déplaisir. Il y ajoute ici un harmonica, celui de Fulvio Severino (un Providence laugh tout aussi « nu » que les autres réalisations), là-bas une steel guitar joué, elle, par Gilles Fegeant (The man on the train, dont émane une intensité plus marquée qu’ailleurs sur le disque). J’apprécie, pour ma part, quand il s’extirpe de ses penchants feutrés, impose une diction soutenue et un piano plus vivace. Sa plume aguerrie le crédite, on prêtera par conséquent l’oreille aux textes. Only time will tell, « vif » à l’instar du titre nommé plus haut, convainc. Le tout donne l’impression d’entendre un Petty débranché, un Springsteen dans ses atours folk, dénué d’impact, et de force, rock. In the morning, intense dans sa formule restreinte, régale.
Bien que minimal, The Outsider s’écoute fort. C’est là qu’il trouve son relief, une ampleur notoire. On en viendrait presque à croire que Jack Art joue ici et pour nous, « pépèrement » installé dans un recoin de la bicoque. Son répertoire est pur, j’y aurais inclus quelques envolées enragées, 2 ou 3 « orages » qu’on ne décèlera pas ici, mais le constat n’entamera pas la qualité de l’effort. Chin up Sally, où brille l’acoustique du bonhomme, coupe le ruban derrière lequel se dévoile un univers épuré, expressif dans sa mise à nu.
House by the sea renvoie à la quiétude qu’inspire son intitulé mais encore une fois, la diction de Jack Art n’inspire pas la lassitude. Si son écrin est fin, il est aussi animé. Et quoiqu’il en soit We’ll always have Paris, comme il le chante de façon, en l’occurrence, posée. Son organe, à l’envergure émotionnelle certaine, sert l’intérêt de l’ouvrage. Only time will tell, certes et comme il le chante, si l’artiste est de cette trempe, bien trempée, qui façonne les plus grands. Mais il assure..assurément, solo comme dans le cadre groupal, de solides collections de morceaux valables. Only time will tell, on n’en disconviendra pas. Mais les choeurs de ce titre, assurés par Daniel Abecassis et Pablo Jacquart, concourent eux aussi à asseoir son labeur.
Les intervenants, discrets, ont donc leur mot à dire. Leur étayage constitue un apport, bien greffé aux trames de Jack Art. Le son remplit l’espace et pourtant, il se passe d’excès. L’éponyme The outsider vient conclure avec allure, dans un ressenti que le chant véhicule joliment, un album bien ouvragé. Le seul bémol tenant, comme déjà dit en ces lignes, en l’absence de temps dédiés à la déviance, à l’envolée qui amène ce petit surplus de vigueur qui, parfois, fait la différence de façon définitive.