Projet d’un Français basé à Berlin, Aurélien Bernard, 3 South & Banana sort son premier album, éponyme. Après, entre autres sorties « moindres » en termes de longueur mais pas d’un point de vue « valeur », un Ep datant de mars 2019. On y trouve, et elle nous fera le plus grand bien, une pop aérienne et mélodique, pétillante à l’image du magnifique 3S&B qui inaugure des festivités poppisantes et réjouissantes. Délicat mais enlevé, chanté avec une sensibilité qu’on entend, il se fait sucré, s’acidule, devient piquant, psyché. Multiples sont ses reflets qui font par ailleurs, de par leur variété, l’un des attraits émanant du disque. Qui, quand BLA BLA BLA (le sien, je tiens à le préciser, est tout sauf stérile; c’est un bla-bla-bla jamais plat) se fait entendre, souffle des airs électro-pop sacrément vivifiants. Voilà un début qui sème de la joie, sautillant et enjoué qu’il est. Fort, en outre, d’une dextérité, dans la simplicité, qu’on retiendra. Bernard peut alors labourer des terres plus célestes (55 million light years away), ça lui réussit tout autant. Il dégage de la grâce, nous prépare des cocons dans lesquels il est bon de se lover. On notera que même la pochette de l’opus, sujette à diverses interprétations, est enjôleuse.
Avec Rush hour nous avons droit, auditeurs gâtés que nous sommes, à une nouvelle ritournelle piquante dans sa « mélodicité ». Les sons sont une fois de plus, sous leurs atours presque naïfs, géniaux. Les chansons de 3 South and Banana, de plus, font danser, permettent de « ne plus penser ». Bel antidote à la morosité, l’objet sécurise, pose ses notes dans l’esprit de l’auditeur, qu’il fait s’envoler et tire vers le haut (KittyKatKatHappyBadSad), avant de lui infliger des airs jazzy synonymes d’addiction, qui revêtissent des sonorités gentiment psyché (Intermission).
Aucun doute possible, c’est de l’enivrant et la cuvée, de surcroît, est extrêmement digeste; on peut en prendre de larges louches, l’unique danger encouru est de prolonger les écoutes jusqu’à plus faim. Ni soif. Le Français s’invite, il anime Avec le coeur, bien nommé. Là où le mélodieux, chez d’autres, fait soupirer, ici il exalte. Il faut dire que très souvent, il fait souffler un petit vent, une brise pop à laquelle on s’expose volontiers. Et que Bâtons mêlés, tout doux et dénudé, fait retomber. On pense, sur l’effort concerné, à Air. Pas étonnant, l’album est fait..d’Air. Pur, presque salvateur en ces heures où le climat étouffe. Mais 3 South & Banana, quoi qu’il en soit, ne cessera jamais de nous aimer, il nous le dit élégamment le temps de son I will never stop loving you. Bon, il ne nous est peut-être pas adressé mais on le prend pour nous, charmés de toute façon par l’essai du néo-Allemand.
Le temps passe cependant, seuls 2 essais restent à auditionner. Rooftop trees dans un premier temps, entre psychédélisme et traits presque rock sur une étoffe évidement pop, scintille. Puis Wings, où voix et motifs minimaux suscitent une dernière fois l’envol, viennent parfaire un « debut album » aux effets grandement bienfaisants, issus de l’oeuvre d’un Berliner aux incontestables capacités.