« Poppeux » amienois, déjà en vue, il y a quelques années, avec Nathaniel Isaac Smog et sa pop-rock subtile jouée groupalement, Bapstiste Okala revient aujourd’hui en solo, sobrement nommé Okala. On le savait doté du talent nécessaire à s’exprimer, à faire valoir ses vertus et sa sensibilité vocale et sonique; il le démontre ici en jouant une pop lunaire que tout terrien devrait écouter, sur ce オカラ qui est son tout premier EP. Affublé d’une jolie photo signée Rodolphe Parmentier, celui-ci débute par un 7 AM qui rendra les réveils, à l’heure dite, bien moins pénibles. Légèreté pop, chant aérien, pur, et étoffe synthétique imaginative, sans surcharge, cohabitent dans l’unité. Le bonhomme est par ailleurs bien entouré; accompagné par la Lune des Pirates, il bénéficie sur オカラ de l’appui d’ Hugo Cechosz (mastering), Yann Arnaud (mix) et Rémi Alexandre (production). Son registre à la rêverie communicative, animée là où d’autres sombrent dans l’inertie et une certaine forme de grandiloquence qui vite irrite, est d’une vibrante mélancolie. Le titre introductif, en sa fin, prend d’ailleurs des abords sombres avant de trouver son terme là ou peut-être, l’envolée imminente aurait pu apporter un plus à ce morceau déjà excellent.
L’amorce est donc faite d’une belle écorce, qui va s’aciduler le temps d’un First step aux gimmicks et nappes de claviers intenses dans leur retenue, obsédants de par leur réitération aussi. Fort d’un sens du dosage aiguisé, Okala retrouve quasiment, sur son EP, la magie du live où l’avoir face à soi, dans l’émotion la moins surjouée qui puisse être, constitue une expérience qu’on ne peut se chasser de la caboche.
D’émotion, il est justement question à l’écoute de Lion’s den. La voix, dans le ressenti, y atteint les sommets. On note, encore une fois, la splendeur du textile sonore. On s’envole. Pouvoir d’évocation et sincérité du rendu, entier, font à nouveau étinceler オカラ. Aux côtés des Mercure Express, Last Night We Killed Pineapple, Verlatour ou encore Amour Formica sans oublier Spooky Island, Okala fait partie de cette nébuleuse, précieuse, des clans « d’ici » aux aptitudes conséquentes. Forbidden love, quatrième et dernier morceau du disque, les valide d’ailleurs définitivement. S’il débute dans le velours, notes de synthés célestes en bandoulière, il gagne vite en vivacité, développant sa trame qui me fait penser, dans sa texture, à Air. Puis la voix arrive, pure dans son ornement ombrageux. L’envolée est de toute beauté, l’EP un enchantement; un compagnon sur lequel, en ces temps où l’isolement nous est imposé, on peut s’appuyer en toute confiance. La meilleure des cartes de visite, itou, pour un artiste qu’il importe de soutenir sur la durée.